Les intrigues de la Marquise de Montespan et du duc de Lauzun
L’orthographe n’est pas le fort de la marquise de Montespan. Qu’importe, elle sait se faire comprendre et impose ses vues auprès du Roi Soleil. Avec le duc de Lauzun, son complice, séducteur et courtisan invétéré, ils forment un binôme atypique. Selon Saint-Simon, Lauzun, ayant apprit que Louis XIV retirait sa promesse de le nommer Grand-maître de l’artillerie, eut l’audace de se glisser sous le lit du Roi et de la Montespan pour en connaître les causes. Lorsqu’il comprend qu’elle l’a trahi, une scène épouvantable s’en suit : la traitant de « pute à chien », il brise son épée devant le roi.
Cette lettre à Lauzun, tout en sous-entendus, et où se mêle l’ombre de Colbert, traduit parfaitement l’esprit de la Cour de Versailles du temps de la splendeur de la Montespan.
Athénaïs de Montespan (1640/1707), favorite de Louis XIV qui lui donna sept enfants.
Lettre autographe au duc de Lauzun (1633/1723), intriguant de la Cour de Louis XIV.
« A St Germain à une heure
Mr Colbert est à Versaille et je me disposest à l’y aller chercher an sortant de table mest comme je parlest de mon voiage le roy a dit qui li menet la reyne aprest dinay et quil ni alet que se qui seret dans son carosse. Vressanblablement je devrais avoir plasse mest il nia point de regle sur se quy a raport a moy, insy il faust atandre jisque a demain au soir que doit revenir M. Colbert pour que je luy puisse parler, et comme vous croiés que nulle vous redemandera sest letre je vous les ranvoie mest sy vous pouvest les ravoir ou les garder il seret bon que vous me les ranvoyassiés demain pour que je les y puise montrer. Je conprans bien tout ce se que vous me mendés et vous devest croire que je panse tout comme vous la dessus »
Adresse au dos « Pour Monsieur de Losun ».
Lettre publiée (incomplète et avec des erreurs) dans l’ouvrage d’Arsène Houssaye, Mademoiselle de La Vallière et Madame de Montespan – Etudes historiques sur la Cour de Louis XIV. Paris, Plon, 1860.