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Marie-Rose Astié de Valsayre témoigne des rivalités entre les différentes ligues féministes à la fin du XIXe

Marie-Rose Astié de Valsayre (1846/1915)
Journaliste, militante féministe et socialiste. Elle est la première femme à tenter de faire abroger l’ordonnance de 1800 qui interdit aux femmes de porter un pantalon sans l'autorisation du préfet de police.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. 1/2 - Format : In-8

Lieu : [Paris]

Date : 9 février 1895

Destinataire : "mon cher ami"

Etat : bon

Description :

"Répondre à votre question est délicat car je ne peux publiquement reconnaître ce que notre enquête nous a appris, c'est à dire que ces bruits de départs émanent de ligues rivales à l'Affranchissement des femmes. Comme les anti-féministes réciteraient en choeur la phrase consacrée : - si les femmes étaient quelque chose, quel crêpage de chignons! Avec ça les hommes ne se crêpent pas le chignon à leur manière! C'est pourquoi j'ai voulu au début tourner l'affaire en plaisanterie (interview du Soir 8 janvier). Mais la conspiration du silence étant organisée par les intéressées la lettre ne fut pas reproduite... Exécrant occuper le public de ma personnalité, bien petite question près de la question sociale! je voulais me taire, mais l'Affranchissement lésée dans ses intérêts (les adhésions disparaissent depuis mon prétendu départ et les démissions se produisent), la ligue, dis-je, exigea que je répondisse à une nouvelle annonce de fuite se produisant des semaines après la première (France du 2 février). Pas plus que le premier, ce démenti ne fut reproduit, et la Ligue rédigea alors un ordre du jour (dont ci-joint copie) qui n'a pas, que je sache du moins, été encore publié malgré les nombreux services faits. Telle est la vérité. Tirez-en ce que vous jugerez convenable avec votre talent [...]. Je ne déserte pas au moment où la cause a le plus besoin de défenseurs. Si je me tais dans les réunions, c'est parce qu'il est tant d'hommes désireux de parler!... sans compter qu'il existe également des femmes qui boudent à la vue d'une autre oratrice et jalousent son instruction, instruction que l'âge ne leur a pas permis d'acquérir, autre temps, autres moeurs. Quant à la Ligue, si elle n'agit pas en ce moment, c'est parce que les esprits étaient ailleurs, eu égard à la situation politique, elle croit que traiter actuellement la question féminine est se consumer en efforts inutiles. Voilà tout". Il est dorénavant devenu difficile de la trouver aux bureaux de la Ligue, mais elle a établi une permanence au Café de la Presse "histoire de faire venir les femmes dans les cafés où elles n'osent pas entrer".

En-tête au tampon "A.V. qu'importe"

Vendu