REF: 13689

Magnifique lettre de Simone de Beauvoir sur ses convictions féministes

Simone Beauvoir (de) (Paris, 1908/1986)
Romancière et philosophe.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 - Format : In-8

Lieu : [Paris]

Date : vers 1949

Destinataire : Thyde Monnier (1887-1967), femme de lettres et féministe

Etat : Tache d'encre en page 2 atteignant la première page. Encre un peu passée.

Description :

Superbe lettre de Simone de Beauvoir à l'écrivaine féministe Thyde Monnier sur son engagement féministe et ses débuts, à l'occasion de la publication du second tome du Deuxième sexe (en 1949). La lettre est écrite à l'encre brune sur un papier à son nom et adresse avec un léger motif floral en fond. Écriture difficile à déchiffrer.

"Chère Thyde Monnier

Excusez d’avance ce papier ridicule fruit non d’un choix personnel mais d’un cadeau malheureux : je n’en ai pas d’autre sous la main. Que vous êtes gentille ! Comme c’est gentil de m’envoyer vos photos qui vous rendent si vivante.

Oui vous avez un beau sourire qui prouve que le courage, l’honnêteté, ne nuisent en rien, au contraire, au charme d’une femme. Vous avez bien reçu ma petite lettre, n’est-ce pas ? Je suis heureuse que mon second volume vous ait plu : c’est évidemment celui où j’ai le plus donné de moi-même. Et j’ai essayé moi aussi d’être (vraie ?), comme vous l’êtes dans votre livre « Moi » dont j’attends la suite avec impatience. J'admire qu'avec une vie si brimée dans vos commencements vous ne vous soyez jamais soumise. Vous êtes un bel exemple pour les femmes, la vivante preuve de ce que peut la volonté au service d’un cœur exigeant. Moi j'ai eu au contraire une vie très facile puisque mes parents m'ont toujours destinée à gagner ma vie et que j'ai pu tout de suite me tourner vers la carrière intellectuelle que je souhaitais. Tout de suite j'ai trouvé les amitiés, les appuis qui m'étaient intellectuellement et sentimentalement nécessaires. Je n'ai pas eu comme vous à lutter. Je suis heureuse que nos chemins si différents se soient ainsi croisés. Et vos mots m’ont aussi été précieux en me persuadant de la possibilité d’une véritable solidarité féminine à laquelle il n’est pas toujours facile de croire, à laquelle cependant je crois pour mon compte profondément.

Chère amie, il faut que nous nous voyons un jour, à Nice ou à Paris - quand j’aurai une bonne petite photo de moi je vous l’enverrai.

Avec toute ma chaude amitié.

S. de Beauvoir"

[Thyde Monnier raconte dans le premier volume de ses Mémoires "Moi" paru également en 1949 les difficultés rencontrées dans sa jeunesse et son combat pour échapper à une vie imposée par sa famille].

Sur papier à son en-tête et adresse du 11 rue de la Bûcherie [elle y vécut entre 1948 et 1955].

Vendu