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Le prix Nobel Charles Nicolle critique la politique hygiéniste de Calmette à l’Institut Pasteur

Charles Nicolle (Rouen, 1866/1936)
Microbiologiste, directeur de l'Institut Pasteur de Tunis (1903-1936), lauréat du prix Nobel de Médecine en 1928.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 - Format : In-8

Lieu : Saint-Gervais

Date : 01/09/1921

Destinataire : "mon cher ami"

Etat : quatrième page légèrement salie

Description :

Belle lettre du futur prix Nobel Charles Nicolle, au moment de retourner à Tunis, après un séjour en France. Il se livre à quelques réflexions.

Il explique la raison pour laquelle il a attendu le dernier jour de sa villégiature à Saint-Gervais pour lui répondre, "abstention inhabituelle de ma part". "A vrai dire, je ne suis pas campagnard, ni montagnard. J'aime la nature apprêtée plus sans doute que la rustique". Il espérait tirer de son séjour savoyard repos et exercice. "Evidemment, quand il fait beau, le pays est plaisant, joli, de cette beauté banale que la Suisse pousse à la perfection ennuyeuse. Le Mont Blanc est haut et blanc lorsque les nuages ne le réduisent pas à un tronc de cône noir". Il a retrouvé la famille de son correspondant et donne des nouvelles, en particulier de Jeannette dont la santé est fragile. "Je l'aurais prise avec moi en Afrique si elle l'avait voulu, le régime alimentaire qu'elle suit ne lui vaut, à mon avis, rien. Ta mère est restée jeune, avec son même et vif regard [...].

Je repars donc aux pays barbaresques. Je m'embarque après-demain 3 pour Alger et je rentre à Tunis dans la nuit du 8 au 9. Je vais retrouver Burnet [Etienne Burnet (1873-1960), qui prendra la succession de Nicolle à la direction de l'Institut Pasteur de Tunis] alité ; Blaizot sera parti [...]. Je vais avoir beaucoup à faire et peu (?). C'est une vie dure et que l'infirmité [sa surdité] empêche de s'éclairer, même par intervalles ou intermèdes. L'impression que je remporte de France, est celle d'un pays aimable, où j'aimerais vivre et où il n'y a toujours pas de place pour moi. L'I.P. [Institut Pasteur] meurt, Calmette le pétrie du linceul de l'hygiène. Nul ne s'occupe plus de science que des vieillards maniaques ou des aventuriers. Les femmes sont à peu près toutes folles [...]". Et de conclure : "L'affection entre les êtres humains est la seule chose qui vaille".

En-tête de l'Institut Pasteur de Tunis.

Vendu