En pleine Fronde, le cardinal Mazarin, réfugié à Pontoise, donne des gages à un soutien du Roi
Jules Mazarin (Pescina, Royaume de Naples, 1602/1661)Belle lettre de Mazarin avec long ajout autographe (15 lignes). Il octroie des gages à un soutien du Roi, en pleine Fronde :
"Monsieur, vous me feriez tort de douter de mon amitié, elle a de trop profondes racines pour n'y pas faire un fondement aussy asseuré que vous devez, j'ay tasché de vous en donner des marques dans le brevet que je vous ay procuré, et je vous prie de croire que j'auray tousjours beaucoup de joye de contribuer a ce qui sera de vostre advantage dans les choses qui pourront dependre de moy et ou j'auray lieu de vous mieux tesmoigner que je suis trés véritablement, Monsieur, vostre trés affectionné serviteur".
Mazarin signe et ajoute, de sa main : "J'ay fait une partie de ce que vous merités lorsque je vous ay obtenu la grace du brevet que on vous a donné a Paris, mais je n'ay pas en cela satisfait a la passion que j'ay de vous servir, c'est pourquoy vous devés estes asseuré que je n'oblieray rien pour vous servir dans les premieres rencontres pour ce qui resgarde la pension et en outre vous connoisterés que je suis du meilleur de mon cœur [...]. Je vous prie de ne vous inquieter pas de la resolution que je prend puisque le roy en tirera de trés grands avantages dans la conjonture presente, et qu'il est malaysé que les affaires de S[a] M[ajesté] se mettent en bon estat sans que les miens et ceux de mes amis n'en retirent un grand avantage. Comme j'espere de voir Mr l'esveque d'Alby [Gaspard de Daillon Du Lude, resté fidèle à la royauté durant la Fronde] auperavant que la Court parte d'isy, je l'entretiendray de touttes choses et lors le prieray de vous en dire le destail comme a une personne que je crois de mes meilleurs amis".
Mazarin donnait des gages aux soutiens du camp Royal, comme ici à Jean-Louis de Louët, marquis de Calvisson (né avant 1620-1667), un des barons du Languedoc, époux d'une sœur du maréchal de Toiras, il fut nommé lieutenant-général dans cette province.
Lettre écrite au plus fort de la Fronde. Les émeutes à Paris et les combats de l'armée royale de Turenne et de l'armée frondeuse de Condé poussèrent la Cour à se réfugier à Pontoise, où Louis XIV allait faire venir la partie du Parlement qui lui était fidèle. Cible principale du mécontentement, Mazarin se décida à s'éloigner et quitta Pontoise le 19 août pour se rendre à Bouillon dont le duc était le neveu de Turenne. La Cour, quant à elle, partit le 20 août pour Compiègne.
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