REF: 3396

René Benjamin, écrivain traqué.

René Benjamin (Paris, 1885/1948)
Romancier, prix Goncourt (1919) avec "Gaspard", puis membre de l'Académie Goncourt (dont il est exclu 1947, pour ses affinités avec le gouvernement de Vichy).

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 - Format : In-8

Lieu : Le Plessis, Savonnières (Indre-et-Loire)

Date : 03/11/1944

Destinataire : Pierre Varillon, journaliste à l'Action Française.

Etat : très bon

Description :

Le territoire français est peu à peu libéré par les Alliés et les écrivains collaborateurs, dont René Benjamin fut un des chefs de file, se sentent traqués. «Dans cette catastrophe, au milieu des décombres et des crimes, avant que les derniers remous nous emportent tous, je voudrais vous faire un signe d'amitié et vous demander ce qu'il advient de vous». D'un cri ironique, il lance : «Je suis encore en liberté. J'ai eu, bien entendu, les joies de la mitraillette sur la poitrine, les injures du pays, des gendarmes qui m'ont emmené puis relâché. Le préfet, pour finir, m'a écrit en «résidence surveillée étant donné mes écrits antinationaux». Il a de mauvaises nouvelles de ses amis. «J'apprends par Collet que le Fils de la mer est très mal [Charles Maurras, pour reprendre le titre de l'ouvrage qu'il lui a consacré en 1932]. Voici deux mois que je ne pense qu'à lui et à Sacha, et tous les jours je travaille pour eux. Chaque jour apporte une nouvelle cruelle. Chaque jour est un supplice». Il demande des nouvelles d'autres amis et en donne de plus rassurantes de son fils Jean-Loup qui combat dans les troupes américaines. «Une lueur dans les ténèbres. J'ai enfin, après deux ans d'angoisse, des nouvelles de mon aîné ! Il a fait la Tunisie, la campagne d'Italie - et il est vivant sur le front de Lorraine. Il écrit : «Maintenant la paix est en vue. Ce n'est plus qu'une affaire d'années. Pauvre enfant !» Quelques semaines plus tard, son fils sera tué à Mulhouse. René Benjamin est, dans la foulée, arrêté et déporté en camp de concentration. Libéré, il pleura son fils dans "L'Enfant tué".

350,00

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