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Les troupes françaises s’installent à Gallipoli en Turquie.

Orphis Léon Lallemand (Eteignières, 1817/1893)
Général, il s'est particulièrement illustré en Algérie, où il reconquiert la Kabylie en 1871.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 - Format : In-8

Lieu : Gallipoli [Gelibolu, Turquie]

Date : 15/05/1854

Destinataire : Sans

Etat : très bon

Description :

Belle et longue lettre du général Lallemand sur l'installation des troupes franco-britanniques en Crimée [il est alors aide de camp du général Bosquet et sera cité à l'ordre de l'armée pour sa conduite à la bataille de Malakoff]. Il raconte son voyage depuis l'Algérie avec le général Canrobert sur le Christophe Colomb, passant par Malte où les Anglais les ont «fêtés», Le Pirée et les îles grecques, enfin l'arrivée, le 31 mars en rade de Gallipoli (détroit des Dardanelles). «Notre arrivée fit sensation car c'était le premier bateau portant des troupes. Le Pacha d'Andrinople était venu nous recevoir : on s'occupa de suite de trouver des locaux dans la ville pour les différents services et pour les logements des officiers généraux et des administrateurs. Tout cela s'est bien débrouillé et, dès le lendemain, on avait trouvé tout ce qui était nécessaire. On pouvait se croire dans une ville française. On organisa aussi les moyens de débarquement ; comme nous n'avions amené aucun chaland avec nous, il fallut en improviser. Le premier débarquement fut le plus difficile. Depuis ce moment, les arrivages de bateaux se sont succédé indéfiniment. Les troupes ont été réparties d'après les exigences de l'eau en 2 camps, l'un au sud, à 1 lieue 1/2 de la ville, l'autre à Boulaïr, à 3 lieues, au nord, où l'on s'est mis de suite à travailler au retranchement qui doit barrer la presqu'île, de manière à en faire un point où l'armée soit en sûreté à tout événement [...]». Il raconte la situation présente, le débarquement des troupes anglaises en différents points et la l'aménagement du camp. «Notre fossé obstacle avance beaucoup et pourra être terminé d'ici à 10 ou 15 jours. A cette époque, il y a à espérer que nous serons aussi entièrement réunis et qu'on pourra marcher en avant. Du reste, l'attitude de défensive des Russes nous a laissé et nous laisse encore tout le loisir nécessaire pour nous compléter et organiser. Cette attitude de leur part est due sans doute à la difficulté qu'ils trouveraient à marcher en avant et à venir forcer Omer Pacha dans la magnifique position qu'il a prise à Schumla, ou bien à venir attaquer la place de Varna où tous les moyens de défense ont été réunis. Le Gal Bosquet est allé, comme vous l'avez peut-être appris par les journaux, visiter ces deux points. J'ai eu l'avantage de l'accompagner. J'ai vu ainsi l'armée turque d'Omer-Pacha et j'ai été fort satisfait de ce que j'ai vu. C'est une armée régulière, disciplinée, parfaitement solide. Les Turcs ont maintenant la tenue et l'organisation européenne. La troupe est instruite et manoeuvre aussi bien que nous. L'artillerie est superbe. Omer-Pacha avait le 20 avril environ 50.000 h. concentrés à Schumla, 40 escadrons et 80 ou 100 pièces de canon de campagne. Toutes les redoutes et les forts étaient d'ailleurs armés de grosse artillerie à profusion [...]». Il parle ensuite de la personne d'Omer Pacha qui lui semble tout à fait à la hauteur, puis sa traversée des Balkans à travers des plaines fertiles mais mal cultivées. «Les Balkans sont la seule partie montagneuse et ne forment même pas un obstacle bien sérieux. La population de ces contrées est moitié turque et moitié chrétienne, et il ne m'a pas paru que la population chrétienne fût hostile au gouvernement turc, au contraire, elle attend beaucoup de la voie libérale dans laquelle il commence à entrer [...]».

D'une fine écriture. En-tête de la 2e division d'infanterie de l'Armée d'Orient.

Vendu