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Youki évoque Desnos et Foujita aux premiers jours de la guerre

Youki Desnos-Foujita (1903/1964)
Modèle et muse de Foujita à Montparnasse, puis épouse de Robert Desnos qu'elle avait rencontré en 1928. Née Lucie Dadoud, Foujita la surnomme Youki "neige rose" en japonais.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 - Format : In-4

Lieu : Argentat (Corrèze)

Date : 22/09/1939

Destinataire : "Ma Lucienne chérie" [Lucienne Salacrou (décédée en 1991), épouse de l'écrivain Armand Salacrou]

Etat : trous de classeur en marge

Description :

Superbe et émouvante lettre de Youki Desnos écrite au début de la guerre, donnant des nouvelles de Robert Desnos et de Foujita. "Le jour de la mobilisation, Robert m'a envoyé, dans ce pays où j'étais en vacances, mon amie Blanche chargée de mes deux chattes, de mes manteaux d'hiver et des masques à gaz! C'était un équipement très pittoresque. A présent je compte être à Paris le 1er octobre. Et de là je ne sais où j'irai. Si ce n'est pas trop bombardé évidemment, je resterai dans ma chère rue Mazarine, mais si ça devient impossible, je la quitterai. En tout cas, j'en ai assez d'Argentat, j'en ai par dessus la tête. Je commence à sentir le moisi." Elle indique l'adresse du "sergent Robert Desnos". "Il est occupé de 7h du matin à 6h du soir à des travaux de comptabilité et il me dit qu'il en est tout abruti." Elle donne des nouvelles de son amie Marie Jeanne Simon et de Pierre. "Madeleine Renaud pleure et se désespère parce que Jean-Louis Barrault est en "pleine ligne Maginot". Mais comme il est secrétaire d'Etat major, je pense qu'elle ne devrait pas se désoler ainsi. Il est vrai qu'à la guerre tout est dangereux, et qu'il n'est pas dans un bon coin. Mais enfin, il ne faut pas pleurer à l'avance.

Foujita est ici, aux Eyzies, c'est à 80 km d'Argentat. Il s'ennuie beaucoup. Il dîne avec moi demain ou après demain, et je pense que nous rentrerons tous à Paris [...]. Je me fais une joie de vous voir bientôt, car vous ne serez pas sans passer à Paris. On a encore plus envie que jamais de voir ses amis dans ces sales moments [...]".

Vendu