REF: 6721

Témoignage sur les frasques d’un Incroyable, le chanteur Garat.

Dominique Pierre Jean Garat (Ustaritz, 1764/1823)
Baryton ténorisant, pensionnaire de Marie-Antoinette, il a lancé la mode de suppression des "r", reprise par les Incroyables sous ls Directoire.

Type de document : manuscrit

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 - Format : In-folio

Lieu : Sans

Date : vers 1823

Destinataire : Sans

Etat : brunissures

Description :

Manuscrit avec quelques corrections, "Notes sur Garat le chanteur par un homme d'esprit qui l'a beaucoup connu". Après avoir raconté ses débuts, comme premier chanteur de la reine Marie-Antoinette, l'auteur, resté anonyme, conte une suite d'anecdotes qui cernent sa personnalité excentrique et son caractère entier, lui qui fut, sous le Directoire, l'un des Incroyables les plus en vue. "Je vois encore Garat sur les boulevards et dans les lieux publics. La mode exigeait-elle que le vêtement, si bien surnommé nécessaire, fut étroit, on voyait que Garat n'avait pu s'en vêtir qu'à grand peine ; au contraire, les pantalons étaient-ils larges, ses jambes y flottaient comme naguère les bras des belles dames dans l'énormité des manches dites à gigots. Quand la mode prescrivait trois gilets, Garat n'en portait jamais moins de cinq ; engoncé dans la toiture d'un collet juponné, son nez seul faisait saillie au dessus de l'immensité d'une triple cravate ornée de graine de muguet, se mariant aux fanfreluches de son jabot. Sur ses lèvres très colorées errait en permanence un sourire sardonique qui semblait dire ; "Vous croyez vous moquer de moi ; eh bien! c'est moi qui me moque de vous". Quelquefois pour redoubler l'attention des passants, il s'en allait fredonnant en froissant sur sa jambe un mouchoir de baliste brodé. Ses souliers se terminaient en pointe d'aiguille quand la mode les voulait pointus, et ses jambes étaient chaussées de bas de soie rose et à jour, comme ceux des femmes du Directoire, quand elles avaient des bas [...]. Dans le monde, Garat se montrait extrêmement capricieux ; ses amis seuls savaient que c'était un caprice de sa part. Plus on le priait de chanter, plus il s'obstinait dans ses refus, et s'il cédait quelquefois à de graves instances, il fallait qu'on l'écoutât dans un silence religieux. La personne avec laquelle il aimait le mieux à se faire entendre était madame Barbier Valbonne, douée en effet d'une admirable voix. Un jour qu'ils chantaient ensemble le duo d'Armide chez un banquier fameux, Garat entend un accompagnement de basse continue, qui n'était point dans la partition. C'était le banquier qui ronflait. Garat se lève, va à lui, et laisse tomber un écu aux pieds du dormeur qui se réveille en sursaut : "J'étais bien sûr, dit-il, que vous ne dormiriez pas au son de cette musique" [...]".

Vendu