REF: 13622

Rare manuscrit XVIIIe d’un projet de colonie en Guyane

Type de document : manuscrit

Nb documents : 1 - Nb pages : 5 - Format : grand in-folio (37 x 23 cm)

Lieu : Sans

Date : Fin du XVIIIe [circa 1792-1795]

Destinataire : Sans

Etat : bon

Description :

Très rare et intéressant manuscrit d’un citoyen de Guyane, Gautier, qui habite et sillonne la colonie depuis 28 ans qui, s’adressant à la Convention nationale, propose d’y installer une colonie de déportés et de faire venir des familles de colons ; et de former des unions avec les « Sauvages ». « Les rives d’Oyapock et d’Ouanary n’attendent que les bras de cinq cents familles indigentes, mais honnêtes, pour leur prodiguer les trésors d’une terre qui bientôt l’emporteroit  par ses productions sur toutes celles de nos isles voisines […] ». Il propose d’installer une colonie de déportés sur « le terrain qui borde le fleuve des Amazones » où vit déjà une quinzaine d’individus. « C’est là qu’il conviendroit de placer ceux que le désordre ont rendu coupables ou dangereux. L’impossibilité de communiquer avec leurs voisins par l’éloignement et par les obstacles insurmontables, garantiroient ceux-ci de la contagion […] ». Il suggère de séparer les individus en deux classes, leur octroyant des terrains et des activités différentes suivant leur état d’esprit. « Quoique il paroisse qu’il ne conviendroit pas de faire passer des femmes pour ceux qui seroient transportés, avant que les productions de leurs terres les eussent mis en état de pourvoir à leur existance, cependant réfléchissant que ce délay pourroit devenir très préjudiciable au repos des sauvages naturellement jaloux et combien il est important de ne point les contraindre à s’enfoncer dans les bois pour y mettre leurs femmes en sûreté, le Sr Gautier supplie l’auguste assemblée d’avoir égard à cette considération. D’ailleurs les femmes étant embarquées en même temps, contiendroient leurs maris, découvriroient ou empêcheroient les complots. S’il s’en trouvoit quelqu’un, elles apprendroient des femmes des sauvages à faire bien des ouvrages utiles et amusants ; de cette habitude de se fréquenter naitroit l’amitié entre leurs enfants communs qui par là n’ayant plus qu’une même langue ne formeroient plus qu’un même cœur et contracteroient par la suite des unions qui donneroient à l’Etat des sujets qui ne ressentiroient rien de leur origine ». Il vante la beauté des paysages, la fertilité des terres et l’abondance des ressources. Parlant du fleuve des Amazones, « le Karapapoury, ce beau lac qui fut découvert par M. de La Condamine, lors de son voyage au Brésil, l’arrose de ses eaux. Bien d’autres, quoi que moins considérables lui dispute la gloire de la féconder, en y portant une fraicheur salutaire. Les énormes poissons, tels que le lamantin, ou vache marine, qu’ils nourrissent de leur sein, semblent l’inviter à s’y fixer, par la proie abondante qu’ils lui offrent ; et si il pénétroit dans l’intérieur des terres, les fruits excellents, le gibier nombreux, l’y détermineroit invinciblement […] ». La pêche étant si abondante, il propose de concéder des droits de « pêche royale », apportant ainsi « la plus grande ressource pour la nourriture des nègres », et permettant de ravitailler les navires. « Pour faciliter aux sauvages les moyens de rendre cette pêche plus abondante, on leur fournit les instruments propres à prendre le poisson, à le découper, et le sel pour le conserver. Avec quel empressement le nouveau colon dans les tems que la culture des terres le laisseroit libre s’occuperoit de la pêche et de la chasse, dont il se feroit une branche de commerce avec Cayenne et les isles voisines […] ».

Vendu