REF: 14469

Profession de foi de Louis-Napoléon Bonaparte, candidat à la Présidence de la République de 1848

Type de document : imprimé

Nb documents : 1 - Nb pages : 1 p. - Format : In-4

Lieu : Paris

Date : 27 novembre 1848

Destinataire : Sans

Etat : Bon

Description :

Manifeste du prince Louis-Napoléon Bonaparte, candidat à la Présidence de la République de 1848, adressé à ses concitoyens :

" Pour me rappeler de l’exil, vous m’avez nommé représentant du peuple. À la veille d’élire le premier magistrat de la République, mon nom se présente à vous comme symbole d’ordre et de sécurité. Ces témoignages d’une confiance si honorable s’adressent, je le sais, bien plus à ce nom qu’à moi-même, qui n’ai rien fait encore pour mon pays ; mais, plus la mémoire de l’empereur me protège et inspire vos suffrages, plus je me sens obligé de vous faire connaître mes sentiments et mes principes. Il ne faut pas qu’il y ait d’équivoque entre vous et moi. Je ne suis pas un ambitieux qui rêve tantôt l’Empire et la guerre, tantôt l’application de théories subversives. Elevé dans des pays libres à l’école du malheur, je resterai toujours fidèle aux devoirs que m’imposeront vos suffrages et les volontés de l’Assemblée. Si j’étais nommé président, je ne reculerais devant aucun danger, devant aucun sacrifice pour défendre la société si audacieusement attaquée, je me dévouerais tout entier, sans arrière-pensée, à l’affermissement d’une République sage par ses lois, honnête par ses intentions, grande et forte par ses actes. Je mettrais mon honneur à laisser, au bout de quatre ans, à mon successeur, le pouvoir affermi, la liberté intacte, un progrès réel accompli. Quel que soit le résultat de l’élection, je m’inclinerai devant la volonté du peuple, et mon concours est acquis d’avance à tout gouvernement juste et ferme qui rétablisse l’ordre dans les esprits comme dans les choses ; qui protège efficacement la religion, la famille, la propriété, bases éternelles de tout état social ; qui provoque les réformes possibles, calme les haines, réconcilie les partis, et permette ainsi à la patrie inquiète de compter sur un lendemain. Rétablir l’ordre, c’est ramener la confiance, pourvoir par le crédit à l’insuffisance passagère des ressources, restaurer les finances. Protéger la religion et la famille, c’est assurer la liberté des cultes et la liberté de l’enseignement. Protéger la propriété, c’est maintenir l’inviolabilité des produits de tous les travaux ; c’est garantir l’indépendance et la sécurité de la possession, fondements indispensables de la liberté civile. Quant aux réformes possibles, voici celles qui me paraissent les plus urgentes" : diminuer les impôts, encourager les entreprises, pourvoir à la vieillesse des travailleurs, fonder le bien-être de chacun sur la prospérité de tous, réduire le fonctionnariat, préserver la liberté de la presse, etc.

[...] La paix serait donc le plus cher de mes désirs. La France, lors de sa première révolution, a été guerrière, parce qu’on l’avait forcée de l’être. À l’invasion, elle répondit par la conquête. Aujourd’hui qu’elle n’est pas provoquée, elle peut consacrer ses ressources aux améliorations pacifiques, sans renoncer à une politique loyale et résolue. Une grande nation doit se taire, ou ne jamais parler en vain. Songer à la dignité nationale, c’est songer à l’armée dont le patriotisme, si noble et si désintéressé, a été souvent méconnu. 11 faut, tout en maintenant les lois fondamentales qui forment la force de notre organisation militaire, alléger et non aggraver le fardeau de la conscription. 11 faut veiller au présent et à l’avenir non-seulement des officiers, mais aussi des sous-officiers et des soldats, et préparer aux hommes qui ont servi longtemps sous les drapeaux une existence assurée. La République doit être généreuse et avoir foi dans son avenir ; aussi, moi qui ai connu l’exil de la captivité, j’appelle de tous mes voeux le jour où la patrie pourra sans danger faire cesser toutes les proscriptions et effacer les dernières traces de nos discordes civiles. Telles sont, mes chers concitoyens, les idées que j’apporterais dans l’exercice du pouvoir, si vous m’appeliez à la présidence de la République. La tâche est difficile, la mission immense, je le sais ! Mais je ne désespérerais pas de l’accomplir, en conviant à l’oeuvre, sans distinction de parti, les hommes que recommandent à l’opinion publique leur haute intelligence et leur probité. D’ailleurs, quand on a l’honneur d’être à la tête du peuple français, il y a un moyen infaillible de faire le bien, c’est de le vouloir".

Louis-Napoléon Bonaparte sera élu au suffrage universel le , premier président de la République française, avant de devenir le 2, l'Empereur Napoléon III, dernier monarque de pays.

Papier bleu.

380,00

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