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REF: 7593

Pauline Roland fustige Proudhon et milite pour sa doctrine socialiste.

Pauline Roland (Falaise, 1805/1852)
Féministe socialiste, associée de George Sand et Pierre Leroux, elle est condamnée à dix ans de déportation. Hugo lui consacra un poème des Châtiments.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 6 - Format : In-8

Lieu : Paris

Date : 09/01/1850

Destinataire : Jules Viard (1803/1865), journaliste républicain, collaborateur et disciple de Proudhon.

Etat : rousseurs

Description :

Longue et superbe lettre de Pauline Roland sur ses doctrines socialistes et Proudhon. «L'appel que nous avons adressé aux démocrates par la voie des divers journaux socialistes de la capitale a déjà été reproduit par plusieurs feuilles des départements. Nous vous l'envoyons, en vous priant de vouloir bien le répéter dans votre journal. De plus, nous vous demandons si vous voudriez vous charger d'organiser dans votre arrondissement, et dans les communes environnantes, une souscription pour la fondation d'écoles socialistes. Voici la marche que suivent les démocrates parisiens : dans chaque arrondissement, dix démocrates, hommes et femmes, sont chargés de provoquer et de recueillir à domicile les souscriptions [...]. Des listes régulièrement tenues et remises aux divers membres du Comité de souscription, reçoivent les noms adresses et sommes versées par les souscripteurs [...]. Veuillez, citoyen, nous dire au plus tôt si vous acceptez la mission dont nous vous prions de vous charger [...]». Puis, elle s'en prend violemment à Proudhon. «Vous faites un aimable journal, n'était une nuance par trop proudhonienne sur laquelle sans doute il serait difficile, et peut-être impossible, de nous entendre [Jules Viard était le collaborateur de Proudhon au Représentant du Peuple]. Vous valez mieux que cela, mon cher Viard, vous ne sauriez réduire la Réforme Sociale à la tenue des livres ; vous êtes trop poète pour que la fame de la société toute entière vous fasse oublier la fama de l'Humanité. Il n'y a plus de vérité, et de pain dans votre Noël de l'Egalité que dans tous les sophismes qu'entasse la Voix du Peuple pour la défense de la concurrence et de l'anarchie [...]. Mais puisque nous en sommes à parler de journalisme, vous savez sans doute que retirée un moment sous ma tente comme Achille, après l'enlèvement de Briséis, j'en suis sortie pour combattre de nouveau les Troyens. Bareste et Ulysse de cette conquête pacifique. Je vous autorise (le mot est assez orgueilleux) à reproduire quand vous le voudrez ce qui sera signé de moi là ou ailleurs. Vous savez que je nie absolument la propriété littéraire. Nous sommes ici dans le plus joli gâchis. Cette espérance est passée pour moi à l'état de certitude ; aussi je supporte avec courage d'intolérables souffrances physiques et morales [...]. Enfin, parlez-moi de vous à vos moments perdus, de vous, puis d'art, de poésie, de soleil, de raisin, que sais-je? de tout, enfin, excepté de cet affreux doit et avoir qui, je l'espère bien, disparaîtra de la société régénérée. L'association des instituteurs va bien. Tout le reste va bien également. Pour peu que nous le voulions, la Révolution marchera ; mais il faut vouloir. Le proverbe aide-toi, le ciel t'aidera, restera éternellement vrai. Proudhon est marié. Pauvre femme, comme elle va avoir droit au ménage! C'est certaine Dorothée passementière que vous devez connaître car tout le monde la connaît. Voulez-vous un mot de Bonnard sur l'épousée? "Proudhon a enfin trouvé la négation qu'il cherchait : sa femme n'est ni belle, ni bonne, ni spirituelle". Je reste là dessus ; je ne dirai rien d'aussi joli [...]».

En-tête au cachet de l'Association Fraternelle des Instituteurs, Institutrices et Professeurs Socialistes.

Vendu