REF: 11287

Manuscrit de la préface de Manon Lescaut, par Maupassant

Guy Maupassant (de) (Tourville-sur-Arques, 1850/1893)
Romancier français.

Type de document : manuscrit autographe signé

Nb documents : 1 - Nb pages : 10 pp. 1/2 - Format : 8 pp. in-folio (31 x 19,7 cm) et 3 pp. in-4 (27,3 x 19,8 cm)

Lieu : S.l.

Date : [1885]

Destinataire : Sans

Etat : Pliures centrales, minimes taches

Description :

Remarquable manuscrit de Maupassant, la préface à l’Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux, de l’Abbé Prévost, paru à Paris chez Launette, en 1885. Ratures, corrections et ajouts.

Il y développe son point de vue, très misogyne, sur le rôle de la femme dans la société de l'époque qui, selon lui se réduit à deux rôles bien distincts : l’amour et la maternité.

« Malgré l’expérience des siècles qui ont prouvé que la femme est incapable de tout travail vraiment artiste ou vraiment scientifique, on s’efforce aujourd’hui de nous imposer la femme médecin et la femme politique. La tentation est inutile, puisque nous n’avons pas encore la femme peintre ou la femme musicienne, malgré les efforts acharnés de toutes les filles de concierge et toutes les filles à marier en général qui étudient le piano et même la composition avec une persévérance digne d’un meilleurs succès […]. La femme sur la terre a deux rôles bien distincts et charmants tous deux : l'amour et la maternité […] ». Maupassant énumère les grandes courtisanes et muses : Cléopâtre, Aspasie, Phryné, Ninon de Lenclos, Marion Delorme, Mme de Pompadour, Didon, Juliette, Virginie, etc.

Le reste du texte est consacré à un vibrant éloge du roman et de sa protagoniste, la femme type au yeux de Maupassant : « Puis voici Manon Lescaut, plus vraiment femme que toutes les autres, naïvement rouée, perfide, aimante, troublante, spirituelle, redoutable et charmante. En cette figure si pleine de séduction et d'instinctive perfidie, l'écrivain semble avoir incarné tout ce qu'il y a de plus gentil, de plus entraînant et de plus infâme dans l'être féminin. Manon, c'est la femme tout entière, telle qu'elle a toujours été, telle qu'elle est, et telle qu'elle sera toujours. Ne retrouvons-nous point en elle l'Ève du paradis perdu, l'éternelle et rusée et naïve, tentatrice, qui ne distingue jamais le bien du mal, et entraîne par la seule puissance de sa bouche et de ses yeux l'homme faible et fort, le mâle éternel ? […] ».

Il conclut : « […] ce livre demeure et demeurera par la seule force de la sincérité, par l’éclatante vraisemblance des personnages […]. Seule, cette nouvelle immorale et vraie [...] reste comme une œuvre de maître, une de ces œuvres qui font partie de l’histoire d’un peuple.

N'est-ce point là un éclatant enseignement, plus puissant que toutes les théories et que tous les raisonnements, pour ceux qui ont choisi l'étrange profession d'écrire sur le papier blanc des aventures qu'ils inventent ?».

Ce manuscrit servit à l’impression, comme le montrent des indications de typographe en marge. Il est conforme au texte imprimé, excepté certains paragraphes qui figurent ici dans un ordre différent avec de petites variantes. Mention autographe en marge du premier feuillet : « 3 épreuves en placard pour Mardi sans faute ».

De la collection de Régine et Bernard Loliée.

Encre noire, pagination de 1 à 8 puis de 1 à 3.

11000,00

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