REF: 15734

Longue et importante lettre de Fouché justifiant son rôle sous la Restauration et ses choix politiques

Joseph Fouché (duc d’Otrante) (Le Pellerin, 1759/1820)
Ministre de la Police de Napoléon.

Type de document : lettre autographe (brouillon)

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : "1er mars" [1816?]

Destinataire : Sans

Etat : Papier bruni, légère mouillure sur un côté

Description :

Importante lettre (brouillon) de Fouché, où il justifie son rôle sous la Restauration et ses choix politiques, après avoir été frappé par la loi du 12 janvier 1816 qui le contrait à l'exil. Dense et fine écriture, avec ratures, ajouts et corrections.

Une circonstance importante l'a amené à remanier son manuscrit. "J'en ai retranché beaucoup de choses inutiles ; ma réponse aux ouvrages du jour leur donnoit plus d'importance qu'ils n'ont de poids. J'y ai substitué des choses spéciales, des pièces d'instruction et des faits positifs ; c'est la meilleure de toutes les réponses à tous ces écrits où l'on fait de la politique avec l'imagination, où l'ignorance et la présomption donnent leurs apperçus pour des doctrines et établissent de vaines théories qui ne s'appliquent à aucune des circonstances difficiles de nos Révolutions. Quant aux calomnies qui me sont personnelles, elles tombent d'elles-mêmes. Tout a été épuisé pour tromper l'opinion sur mes principes et sur ma conduite, mais il n'y a pas de voile assez épais pour cacher longtemps le mensonge, et déjà les événemens, les intérêts et les passions qui comprimoient la vérité ne sont plus les mêmes. Qui doute aujourd'hui de la sincérité et de la justesse de mes vues politiques au moment où j'acceptai le ministère de Louis 18 ? Je connoissois la force qu'alloit se donner le Roi par une amnistie franche et complette, la clémence pour le passé lui procuroit l'avantage de déployer pour le présent une sévérité utile à laquelle tout le monde eut applaudi. La légitimité s'établissant dans tous les coeurs, tous les intérêts s'attachoient à elle : jamais un souverain n'eut esté investi d'une plus grande confiance. Le Roi avoit besoin d'un pouvoir immense pour dominer tous les partis, imposer silence à leurs prétentions et pour leur fermer toutes les chances. Aucun d'eux n'eut osé faire entendre le moindre murmure»... Mais on a voulu «satisfaire les vanités ou les vengeances d'un parti. De là le scandale des débats politiques, [...] de là d'insolens précepteurs qui ont été jusqu'à oser reprocher au Roi le choix d'un de ses ministres. Comme si les Rois devaient consulter les affections de famille dans de pareils choix ! [...]. C'est une chose déplorable que de voir traiter les questions les plus élevées par des esprits étroits et les décider dans l'intérêt des petites passions. Je ne sais ce qu'on veut dire quand on me reproche d'avoir protégé les intérêts nés de la Révolution, je ne connoissois comme ministre que les intérêts généraux et positifs de la France. [...] Le jour où j'ai accepté le ministère du Roi, ma vie étoit plus à lui qu'à moi, et il n'y avoit d'honneur pour son ministre de la police que dans la stabilité et dans l'indépendance de sa couronne [...]".

2200,00

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