Lindet et Bloufflers aident Maimbourg à retrouver son domaine de Santa-Giulia, entre Porto-Vecchio et Bonifacio
Robert Lindet (Bernay, 1743/1823)Sur les démarches pour engagée l'indemnisation du domaine de Santa Giulia, en Corse, vaste et magnifique domaine situé entre Porto-Vecchio et Bonifacio, dont Charles-François de Maimbourg, ex-commandant à Bonifacio, fut dépossédé à la Révolution.
"Je vais aujourd’hui, Monsieur, féliciter M. de Maimbourg, d’avoir rappelé à votre souvenir qu’il vous avoit beaucoup intéressé et que vous lui avez donné deux grands preuves de zèle. Je suis bien persuadé que vous allez l’obliger. Je vis en 1792 l’instant où sans le connoitre particulièrement, j'allois assurer l’exécution des décrets rendus en sa faveur par l’assemblée constituante. Nous n’envisagions qu’une affaire que nous étions chargés de terminer suivant les lois. Nous étions tous d’accord sur le fond et la justice de la réclamation et sur l’application des lois. On me demanda l’évaluation fixe de l’objet. Sur ma réponse qui déterminoit une somme assez forte et calculée avec exactitude, on me répondit : cela est différent. On ajourna. Lorsque je voulus depuis en parler, on me disoit que la réclamation étoit bien forte, qu’on pourroit la rejeter et l'on ajournoit la décision. J'ai vu depuis M. de Maimbourg avec un plus grand intérêt : il m'a vu avec amitié. Je n'ai pu lui être utile. [...] J’ai scu cependant que plusieurs concessionnaires de la Corse, auxquels il n’étoit rien du ont obtenu des indemnités. Et Monsieur de Maimbourg auquel seul l’assemblée constituante avoit déclaré qu’il en n’étoit du n’a pu rien obtenir. Je ne sais comment cela est arrivé [...]. Monsieur de Talleyrand étoit la seule personne qui me paraissoit devoir se presenter à ma pensée. Mais ses occupations ont dû m’imposer la plus grande circonspection. [...] Vous avez bien voulu dire à M. de Maimourg, que vous me verriez avec plaisir, demander une audience à M. de Talleyrand. [...] Vous avez bien voulu dire à M. de Maimbourg que vous me verriez avec plaisir demander une audience à M. de Talleyrand et que vous vous chargeriez de ma lettre [...]. Vous voulez bien parler au Ministre, en faveur de M. de Maimbourg et solliciter une audience. Il seroit bien plus heureux que vous présentassiez sur le champ la question à M. de Talleyrand [...]".
A la suite, apostille de Stanislas de Boufflers (1738-1815), poète, membre de l'Académie française (1788), maître de camp des armées du roi et gouverneur du Sénégal. "Je vous salue et vous embrasse cher citoyen. Poussés, ramés comme un forçat pour sauver un malheureux qu'on noie à plaisir, mais si la grande affaire entainoit des longueurs ne laissés pas dormir Du Quesnoi jusqu'à ce que le traitement provisoire soit rétabli".
Un décret du 17 brumaire de l'an II porte cet intitulé "Décret portant qu'il n'y a lieu à délibérer sur la demande formée par Charles-François Maimbourg tendante à obtenir le paiement de la valeur du domaine de Santa-Guilia [en Corse]. Il contient ces détails : "La Convention nationale, ouï le rapport de son comité des domaines, décrète. Article premier. Il n'y a pas lieu à délibérer sur la demande formée par Charles-François Maimbourg, tendante à obtenir le paiement de la valeur du domaine de Santa-Giulia, à lui concédé par arrêt du conseil du 16 janvier 1778, & dont il a été dépossédé par décret du 5 septembre 1791. II. Il n'y a pas non plus lieu à délibérer, quant à présent sur la demande d'indemnités formée par ledit Maimbourg [...]".
"Charles-François de Maimbourg, venait d'une vieille famille de la noblesse de robe nancéenne. Il avait joué un rôle important dans la conquête de la Corse" et avait été gratifié pour cela d'une "vaste concession" sur cette île et d'une croix de l'Ordre de Saint-Louis (in L'image de la Révolution française, Congrès mondial pour le bicentenaire de la Révolution, Sorbonne, 1990, tome III, p. 2066).
On joint un portrait gravé de Robert Lindet.
600,00€