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Jules Barbier expose sa vision du théâtre.

Paul-Jules Barbier (Paris, 1825/1901)
Librettiste, le plus grand du XIXe siècle ; il a fourni les livrets des Contes d'Hoffmann à Offenbach, de Faust à Gounod, de Mignon à Ambroise Thomas, etc.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 - Format : In-8

Lieu : Sans

Date : 24/02/1879

Destinataire : Selon une note au crayon Abraham Dreyfus (1847/1926), journaliste et auteur dramatique

Etat : bon

Description :

Jules Barbier commente la lecture de l'une de ses comédies par les directeurs d'un théâtre. « Le résultat de ma lecture, comme je l'avais prévu, n'a pas été favorable. Nos directeurs ont été surtout frappés, et non sans raison, du manque d'action dans les deux premiers actes. L'intérêt psychologique du caractère ne leur a pas paru suffisant pour fixer l'attention du public et ils ont craint qu'il n'en résulte une monotonie préjudiciable au succès. » Il fait part de sa réaction face à ces critiques. « Naturellement je ne suis pas de leur avis, mais je sais trop exactement ce que j'ai fait et voulu faire pour ne pas reconnaître que je me suis absolument écarté des errements du théâtre moderne. J'ai cru et je persiste à croire que l'analyse d'un caractère offre autant d'intérêt que n'importe quelle action. Vienne un artiste de valeur qui mette cette physionomie en relief, et l'on est étonné de trouver à ces péripéties internes de l'âme autant de puissance qu'aux intrigues les plus fortement combinées. » Alors qu'il revient sur sa vision du théâtre, Jules Barbier évoque la pièce Les Pattes de mouche de Victorien Sardou. « Il est certain que si j'avais écrit ma comédie en prose, je l'aurais conclu tout autrement, et c'est ma grande erreur de croire que l'une ou l'autre forme convienne également au même scénario. Suppose par exemple cette charmante comédie des pattes de mouches soumit à l'orthopédie de la versification, elle devient impossible. [...] La morale de tout ceci c'est qu'il faut être bien fou du cerveau pour songer encore à écrire des comédies en vers. Malheureusement c'est un travers dont je ne guérirais qu'avec la vie. [...] Si je voulais écrire des pièces qui fussent tout entières dans le ton de mon troisième acte, on me ferait meilleur accueil assurément et je n'aurais pas à triompher du préjudice qui s'attache à tout ce qui sent la vieille comédie. Mais c'est encore vu de mon défaut de ne vouloir traiter certains sujets que dans le cadre qui me paraît leur convenir, et j'aime mieux travailler pour moi, au risque de n'être jamais joué, que pour les directeurs et le public, à condition de manquer à ma conscience d'artiste. »

180,00 126,00

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