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Importante lettre de Simone Veil sur l’avortement, la contraception et le pape

Simone Veil (Nice, 1927/2017)
Résistante et femme politique française.

Type de document : lettre dactylographiée signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-4

Lieu : Paris

Date : 15 décembre 1995

Destinataire : Gérard Leman, à Tourcoing

Etat : Bon

Description :

Simone Veil répond aux reproches de son correspondant au sujet des positions fermes du Pape face à l'avortement et la contraception :

"Après avoir vu à la télévision l'émission "Envoyé spécial" consacrée à la question de l'avortement, vous m'avez écrit pour déplorer que cette séquence ait présenté une 'condamnation facile et scandaleuse du Pape'. Je tiens à vous dire que je n'ai en aucune façon été consultée sur cette émission que je n'ai d'ailleurs pas regardée. Cette émission, régulièrement programmée, est préparée par une équipe de journalistes qui entendent faire preuve d'une totale liberté. On ne peut y donner son point de vue que dans le cas où on est invité à s'exprimer en direct pour commenter l'émission.

En ce qui concerne le Pape, personne n'a jamais contesté son droit à condamner l'avortement. Ce que certains déplorent, c'est le fait qu'il ne semble pas se préoccuper de la situation très difficile à laquelle se trouvent confrontées de nombreuses femmes qui y ont recours. Les positions très dures qu'il a prises à ce sujet en de nombreuses occasions et le fanatisme de certains en ce domaine expliquent que ceux qui ne partagent pas ces convictions fassent à leur tour preuve de la même intransigeance [...]". Simone Veil dit avoir observé nombre de protestants et de prêtres "qui ont des positions beaucoup plus tolérantes à ce sujet" et dénonce les discours rigoureux et déconcertants du Pape dans les pays en développement.

Elle aborde ensuite le sujet de la contraception. "Je vous signale que lors du vote de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, j'avais insisté sur l'intérêt de développer la contraception afin d'éviter le recours à l'avortement qui n'est qu'un pis-aller et toujours vécu par les femmes comme un échec. J'avais cependant déploré que pendant des années rien n'ait été fait pour permettre aux femmes d'accéder à la contraception, ce qui expliquait le nombre d'avortements clandestins [...]. Or c'est bien l'influence de l'Eglise qui avait empêché la libéralisation de la vente de contraceptifs et qui, aujourd'hui, en freine l'usage même comme moyen de prévention contre le Sida [...]".

Elle termine en évoquant les élections en Pologne et le référendum sur le divorce en Irlande.

En-tête "Simone Veil Ancien Ministre d'Etat".

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