REF: 14068

Importante lettre de Jean Jaurès sur la grève des tramways de Toulouse

Jean Jaurès (Castres, 1859/1914)
Homme politique socialiste, fondateur de l'Humanité, assassiné en juillet 1914 par Raoul Villain.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 5 - Format : In-8

Lieu : Sans

Date : [été 1891]

Destinataire : Rémy Couzinet (né en 1849), directeur politique de la Dépêche de Toulouse

Etat : déchirure importante au pli central

Description :

Longue et importante lettre de Jean Jaurès, qui s'inscrit dans le cadre de la grève des tramways de Toulouse à l'été 1891.

Elle est adressée à son ami Rémy Couzinet, qui dirigea la Dépêche (de Toulouse) de 1882 à 1893 ; dès 1885, il avait soutenu la candidature Jaurès aux législatives et lui avait ouvert les colonnes du journal à partir de 1887.

« Je viens d'écrire à M. Ournac [Camille Ournac (1845-1925), maire de Toulouse puis sénateur de la Haute-Garonne] une lettre que je le prie de vous communiquer. L’appel interjeté par les grévistes ajourne tout au moins ma décision. Mais je n’entends pas prendre une décision individuelle et si une nouvelle grève, provoquée par la violation littéralement abominable d’engagements formels, venait à éclater, j’estime que l’administration toute entière et le conseil municipal tout entier doivent par une discussion collective dégager leur responsabilité. Il ne s’agit pas de protester contre l’autorité judiciaire. Quand elle a consenti à négocier avec les délégués des grévistes, elle était descendue de son siège. Elle s’occupait officieusement avec le Préfet et nous, à prévenir les nouveaux désordres, et ses promesses formelles y ont beaucoup aidé. Si après coup elle les viole elle brise une sorte de pacte d’administration elle commet envers les employés d’abord et la municipalité ensuite une trahison caractérisée, et elle est seule responsable des (?) nouvelles. Serons-nous donc tenus de réprimer par la force les désordres provoqués par d’autres ? On veut nous perdre aux nouvelles du Sud Ouest, et peut être ailleurs en nous obligeant à une répression qui cette fois serait sanglante. Nous prêterons-nous à ce jeu ? Il faut que le préfet soit averti de la gravité de la situation : la justice n’est qu’une comédie. Elle décide selon la consigne du pouvoir. Si on le veut, les trois quarts des grévistes seront acquittés en appel, et M. Pons gardera la plupart des autres. Il n’y a que cette solution - ou la démission collective de la municipalité.

Nous aurons certainement l’occasion d’en parler. Je n’aurais pris aucune décision définitive sans vous en aviser et vous consulter ».

Vendu