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REF: 8007

Important rapport d’exploration manuscrit de Madagascar du XVIIIe.

Antoine Joseph Fortin (Paris, 1745/1810)
Officier de vaisseau de la Compagnie des Indes, il s'installe à l'Isle de France (Maurice) vers 1769, devient négociant et syndic de l'île ; il prend une part active à la Révolution dans l'île. Il meurt à Pondichéry.

Type de document : manuscrit autographe signé

Nb documents : 1 - Nb pages : 17 - Format : grand in-folio (36 x 24,5 cm)

Lieu : Sans

Date : vers 1792-1794

Destinataire : Sans

Etat : mouillures sur la première et la dernière page

Description :

Très important et rare «Mémoire sur l'isle de Madagascar» destiné à «messieurs les députés de l'Isle de France à la Convention nationale», qui est un rapport d'exploration de l'île devant servir de base à l'établissement de comptoirs français, basé sur une absolue interdiction de la traite.

Antoine Joseph Fortin se fait un devoir d'établir enfin la vérité sur cette île depuis toujours décrite par des auteurs qui en ont fait un pays fantasmé peuplé d'anthropophages et d'animaux féroces, alors qu'elle n'est, selon lui, qu'un paradis sur terre, pourvu d'abondantes ressources et peuplé de naturels pacifiques, coopératifs et laborieux. Il expose les circonstances de sa rédaction : «Pendant ma longue navigation dans différentes parties de cette isle où j'avais sous les yeux la preuve certaine de toutes les faussetés qu'on débitait sur un pays qui offre toutes les ressources imaginables, me détermina à prendre des notes sur Madagascar afin de pouvoir reconnaitre la vérité sur les articles où il importait le plus d'avoir des connaissances réelles, si on venait dans la suite à y former quelques établissements, désirant donner de ce côté des renseignements sur lesquels on pourrait compter, me fit prendre quelques liaisons avec deux interprètes de la langue madécasse, lesquels avaient tous les deux parcourus entièrement l'isle et avaient restés plus de dix ans dans le pays, sans revenir à l'Isle de France. J'ai eu pendant longtemps une correspondance suivie avec un de ces interprètes. Enfin, ayant rassemblé leurs notes et les miennes, après les avoir comparées ensemble, je me déterminai à écrire un mémoire qui servit à mieux faire connaître Madagascar ; voilà les précautions que j'ai cru devoir prendre pour y parvenir. J'ai remis une copie de ce mémoire à M. Le Brasseur lors de son séjour à l'Isle de France. Je ne donne ce travail que comme contenant des matériaux propres à faire rédiger un ouvrage sur Madagascar par une plume plus habille que la mienne, pour être ensuite envoyé à l'auguste Assemblée Nationale [...]».
Fortin fait une description très complète de l'île (qui, à l'époque, demeurait pratiquement inexplorée), son climat paradisiaque, ses ressources naturelles innombrables, etc. Il s'attarde aussi très en détail sur les 3 ethnies qui peuplent l'île (les Céclaves (Sakalaves) à l'ouest, les Oves à la peau claire, au centre, et les Zafaraminios à l'est), leurs coutumes, leurs pratiques religieuses, la vénération des morts, les sacrifices, la circoncision, le rôle des oubianes à la fois prêtres, médecins et devins, leurs langues, la fabrication des sagaies grâce à la maîtrise du travail du fer, etc. Fortin, en disciple de Rousseau, éprouve un profond respect pour la population madécasse, son attitude pacifique, la vie si harmonieuse qu'elle mène au milieu de la nature. Il y voit l'occasion, pour la France, d'y établir pacifiquement des comptoirs très prospères, d'y associer une population laborieuse et coopérative. Et pour ce faire, la première mesure est d'y interdire strictement toute traite négrière. «Enfin, soit que l'Etat se décide à faire, ou à ne pas faire d'établissement à Madagascar, il est à propos, je dis plus, il est d'une nécessité absolue, d'empêcher la traite des esclaves dans ce pays, si on veut pouvoir compter sur les ressources que cette colonie en attend pour ses besoins. Une fois que les Madécasses auront perdu l'espoir de ce trafic, qui est la cause principale des divisions entre les peuples, on verra bientôt finir ces guerres continuelles, dont l'objet est de faire des prisonniers pour les vendre aux Français, alors que les naturels pouvant compter sur leurs travaux, entreprendraient des plantations en grand, n'ayant plus la crainte de les voir dévastées».

Il est joint un brouillon du début du texte (1 p. in-folio).

Quelques ratures et corrections.

4800,00

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