REF: 15489

Ernest Feydeau s’inspire de Lord Byron pour écrire Les Aventures du baron de Féreste

Ernest Feydeau (Paris, 1821/1873)
Ecrivain. Père du dramaturge Georges Feydeau.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 pp. 1/4 - Format : In-8

Lieu : S.l.

Date : 2 avril 1869

Destinataire : "Chère Madame"

Etat : Bon

Description :

Ernest Feydeau commente Les Aventures du Baron de Féreste, son dernier roman paru en 1869 chez Michel Lévy Frères.

"Si jamais l’envie pouvait me passer d’écrire des livres, je crois que j’en écrirais encore pour l'unique plaisir de recevoir les charmantes lettres que vous voulez bien m’adresser à leur occasion. Je regrette même beaucoup de me sentir incapable de publier chaque année un plus grand nombre d’ouvrages. Si ma Muse était plus fertile, il n’y aurait presque pas de lacunes dans notre correspondance, et je pourrais ainsi me consoler à  demi de ne pas vous voir, en goûtant le plaisir de votre charmante conversation épistolaire.

Le baron de Féreste vous a amusée. Franchement, cela ne m’étonne pas. Le récit de ses aventures renferme le condiment le plus indispensable pour plaire aux esprits réfléchis : la gaieté ! Merci, chère Madame, vous qui savez lire, n'avez-vous pas senti que cette gaîté était voulue, sinon forcée et que sous ma frivolité apparente, se dissimulait mal une tristesse noire ? C'est une chose singulière que les petits malheurs me mettent en colère et que le désespoir me fasse prendre les choses par le côté comique. Plus je vais, plus je souffre de maux immérités, plus je sens que [...] la vie n’est qu’une odieuse farce. [...] Voilà une bien vilaine lettre, direz-vous. Pardonnez-moi si je vous attriste. C’est un des privilèges de l’amitié, d’imposer, ses sensations, ou, du moins, de les épancher. Et puis, vous êtes si judicieuse, n’avez-vous pas deviné tout ce que je vous dis ? C’est une cause perpétuelle de tristesse pour les esprits élevés [...]. Ah! vous connaissiez le poète anglais! J'admire comme, sous vos appréciations littéraires, vous savez toujours aller droit au fond d'un livre. Quel critique vous auriez pu faire! Vous êtes douée au sens si délicat qui manque à la plupart des écrivains, celui de distinguer le bon du mauvais, de découvrir le germe des choses. Je vous confesserai que j'ai voulu remonter aux sources qui avaient inspiré le poète anglais. J'ai lu Pulci, Berni, l'Arioste qui sont les véritables créateurs de la forme d'apparence légère adoptée par lord Byron pour écrire Beppo et son Dom Juan. Je n'ai adopté cette forme que parce qu'elle m'a paru merveilleusement appropriée à l'esprit français et que, au surplus, elle me fournissait l'occasion de faire vibrer certaines cordes que je sentais en moi et dont jusqu'alors le public ne ma paraissait pas soupçonner l'existence [...]".

 

300,00

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