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REF: 10786

Belle correspondance de 18 lettres d’Henry de Montherlant à son éditeur durant la guerre.

Henry Montherlant (de) (Paris, 1896/1972)
Ecrivain, académicien.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 18 - Nb pages : 31 - Format : In-4 et in-8

Lieu : Paris, Tulle, Metz, Marseille.

Date : 1937-1947

Destinataire : Jean Vigneau, éditeur chez Grasset puis à son compte.

Etat : trous de classeur sur 4 lettres

Description :

Intéressante correspondance d'Henry de Montherlant à son éditeur sur la guerre, la défaite et l'édition sous l'Occupation. Jean Vigneau, qui éditait Montherlant chez Bernard Grasset avant la guerre, a créé sa propre maison d'édition en 1941 à Marseille, et édita Roger Peyrefitte (Les Amitiés particulières) et Montherlant, dont il publia Les Nouvelles Chevaleries et Le Solstice de Juin.

Les premières lettres (1937-1938) sont relatives à des envois de livres, à une conférence que Montherlant doit faire à Londres avec Marie Scheikévicth... Metz 26 septembre 1938 : « Bien que réformé de guerre définitif, je suis parti samedi me mettre à la disposition de l'autorité militaire ». Menacé d'une saisie, il veut se mettre en règle avec les impôts... « J'ai envoyé à Brun il y a 15 jours ce qui est dactylographié du 4e livre des J. Filles. Il pourra le publier tel quel après la guerre, s'il m'arrive un malheur. Et de même La Rose de sable, dont le manuscrit (moins ses coupures) est chez Tournier, le libraire, à Tunis »... Nice 10 février 1939. Il a été gravement malade et doit partir en convalescence à Peira Cava ; il charge Vigneau de s'occuper de sa déclaration de revenus, et de tirer au clair ses problèmes avec la Société des Auteurs... Paris Noël 1939, relatant une entrevue avec Grasset au sujet d'une édition illustrée des Olympiques. Marseille 25 février 1940, sur sa tentative manquée pour se faire engager dans les chars... 24 juillet : « J'ai baigné dans la bataille, et j'en ai plus vu en 3 semaines qu'il y a 22 ans en 2 années. Y apprenant que l'insomnie, poussée au point de 3 H par nuit de sommeil, et jamais plus, est q.q.ch. comme le cancer, – et en rapportant quatre petits éclats de bombe dans la cuisse, à qq. centimètres du plus noble objet du corps humain, mais sans gravité aucune. Après tout cela, il faut bien dire que la guerre est quelque chose d'incomparable. La France, c'est les écuries d'Augias à nettoyer. Avec espoir ou sans espoir ? L'auteur de Service inutile se garde ses pensées là-dessus. [...] Il n'y a d'acquis – et de bien acquis ! – jusqu'à présent, que la défaite. Sur elle on peut penser. Mais les conditions d'occupation, et la décision finale, sont encore si mouvantes, ou si inconnues, que sur l'avenir il est inutile de penser. La défaite, elle, est largement méritée. Elle est, si j'ose dire, la fleur d'un arbre qui poussait depuis vingt ans. Chacun de nous a arrosé cet arbre, et nous sommes tous peu ou prou responsables »... Tulle 4 août : « Votre projet d'une maison d'édition en joue libre est séduisant », à condition que la « liberté de s'exprimer » puisse encore s'exercer en zone libre. Malgré des menaces : « Je ne changerai pas un iota à ma conduite actuelle »... Nice 8 novembre. Il va aller quelques jours à Vichy : « Je suis autant d'accord aujourd'hui avec le gouvernement Pétain, que je l'étais le premier jour, lorsqu'il décida l'armistice, et souhaite que la sorte d'apaisement qu'on nous annonce ait une solide réalité [...] J'écris un livre de souvenirs sur les événements actuels. Il ne peut, n'est-ce pas, s'appeler autrement que Le Solstice de Juin (vous vous souvenez que l'armistice fut signé le jour du solstice ?) »... Mars-avril 1941, séjour à Grasse ; il espère voir Vigneau. Paris 18 décembre 1942 : « un inédit ? Les éditeurs de par ici ayant surtout du très beau papier, les propositions qu'ils me font me donnent des droits d'auteur entre 100 et 150.000 frs, même pour un texte court (60 pp. dactylo), tirage de 200 à 300 ex. Secondaire que soit pour moi la question d'argent, la marge est tout de même un peu grande avec ce que vous voulez bien m'offrir. Mais pourquoi ne pas reprendre mes “grands titres” (à l'exception des Olympiques, ill. par Despiau à la N.R.F., des Célibataires par Salvat, Flammarion, et de la Petite Infante, par Andreu, chez Lefebvre ; tous volumes qui se sont vendus 5000 fr l'exemplaire environ) ? Ou encore, si un gros livre ne vous est pas possible, pourquoi ne pas reprendre un de mes textes plus courts, formant un tout, et que j'aime ? P. ex. la Lettre d'un père à son fils, ou la Gloire du Collège (de la Relève) »... Etc. On joint un télégramme, et la fin du tapuscrit d'une conférence de Montherlant (3 ff.).

Quelques en-têtes, quelques enveloppes.

Vendu