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5 lettres de Jacques Mallet du Pan, écrites en 1793, sur les évènements de la Révolution

Jacques Mallet du Pan (Céligny, 1749/1800)
Intellectuel genevois. Penseur calviniste, il incarna la contre-révolution réformatrice ; fut chargé de mission par Louis XVI pour inciter les souverains étrangers à la modération et fut l’initiateur du Manifeste de Brunswick. Il se réfugia à Bruxelles, puis en fut chassé.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 5 - Nb pages : 14 pp. - Format : In-4

Lieu : Bruxelles

Date : Juillet à octobre 1793

Destinataire : Monseigneur Jérôme Champion de Cicé (1735-1801), ancien archevêque de Bordeaux, en exil.

Etat : Bon

Description :

Longue, riche et très intéressante correspondance de Jacques Mallet du Pan, sur son rôle, son analyse et son action sur les événements révolutionnaires. Il était alors exilé à Bruxelles.

« Je n’ai d’autre but en me transportant dans ces contrées que de juger les événements au plus près, d’étudier les personnes et les choses, et de contrebalancer, si je le puis, des idées et des plans qui seraient nos infortunes en préparant celles de l’Europe. On m’a accordé quelque confiance ; on a reconnu la justesse de quelques-unes de mes observations ; mais la moindre démarche exige tant de rouages et provoque tant de frottements que la circonstance d’une opération est toujours évanouie, lorsqu’on se décide à opérer […]. On m’a mandé de Genève que Mr Necker, traité comme émigré, venait de subir la confiscation de toutes ses propriétés en France. Etranger comme lui, j’avais éprouvé le même sort dès le mois de 9bre dernier : mais il était loin alors de se croire fait pour partager avec moi les honneurs de la guerre […]. Je suis bien éloigné de songer à aucun ouvrage périodique. Forcé de dire des vérités desobligeantes, et en conscience ne pouvant pas en dire d’autres, je serais bientôt honni et étouffé […]. La plupart des Emigrés sont atteints d’un autre genre de folie, dont nul événement ne les guérira […]. Ils ajustent des plans absolus, ils tranchent despotiquement les difficultés, comme s’il leur restait la moindre influence dans le Royaume. Ce sont des esprits ingouvernables. Voilà trois ou quatre factions lancées dans l’intérieur et se heurtant dans des directions opposées. Lyon, Marseille, Bordeaux et les départements qui les suivent sont ralliés uniquement contre les coupeurs de bourses, les coupeurs de tête, et la convention qui sert de grand comité à ces sacripants. Certainement si ces coalitions acquièrent des forces elles rétabliront le Roi et la Royauté ; mais pour parvenir à quelque consistance, ces partis différents seront obligés de se rapprocher ; ils se fondront en un seul qui aura pour objet d’exterminer les anarchistes et de refaire une constitution. Celle-ci résultera d’un traité entre ces intérêts divers ; ce sera un pot-pourri qui nous trainera dans dix ans de troubles et de factions ; mais la Révolution cessera d’être pillarde et massacrante […]. Vous savez déjà sans doute que par un décret du Comité de salut public, la Reine a été transférée à la Conciergerie, et que cette infortunée princesse est livrée au Tribunal révolutionnaire ; que Mde Elisabeth doit être déportée après le jugement de la Reine, et les enfants retenus prisonniers. Tout le décret composé de 18 ou 20 articles eut fait frissonner Néron […] ». Il évoque également les événements révolutionnaires en Suisse, le siège de Valenciennes, le siège de Toulon, le fanatisme des Jacobins, les opérations des armées étrangères, etc.

Passionnant et dense.

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