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« A celle qui s’éloigne…. », manuscrit de Maxence Van der Meersch sur la Liberté

Maxence Van der Meersch (Roubaix, 1907/1951)
Écrivain français, lauréat du prix Goncourt pour son roman L'Empreinte du dieu, en 1936.

Type de document : manuscrit autographe signé

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 pp. - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : [1936]

Destinataire : Sans

Etat : Bon

Description :

Manuscrit autographe signé de Maxence Van der Meersch, intitulé "A celle qui s'éloigne....". Beau texte de défense de la Liberté, en péril : communisme, syndicat unique, école unique obligatoire, tutelle de l'état, etc... rien de nouveau sous le soleil. Quelques ratures et corrections.

"Ce fut l’éternelle et ardente passion de l’homme que cet appel, répété d’âge en âge, vers la haute, lointaine et lumineuse figure de la Liberté.

Peuple après peuple ont tendu les bras et crié vers elle. Les siècles et l’Histoire sont remplis de cette universelle aspiration.

Nous, Français, nous avons bien pensé la tenir enfin, la réaliser, la concrétiser. Liberté ! souffle d’espérance, motif de fierté, gage de bonheur ! Nos révolutionnaires de 1793 s’en sont enivrés. À la face du monde, ils clamaient ce qui, cent cinquante années, devait rester le nouvel Évangile, l’Évangile des opprimés : « Les hommes naissent et demeurent libres... »

Saluons-la, la grande figure ! Elle s’éloigne, elle s’estompe. Nous ne la reverrons plus.

Que nous le voulions ou non, le monde s’organise et doit s’organiser sur un plan nouveau. Le machinisme l’impose. Et de cet ordre futur l’inspiratrice n’est plus la liberté.

Propriété ? Droit de disposer de ses biens ? Nous venons tout récemment de voir que ce droit-là n’est plus qu’un mythe et s’évanouit devant la volonté du nombre, devant la force. L’État, expression de cette volonté, devient omnipotent. Demain, s’il le veut, il pénètrera chez vous, il empruntera de force votre argent. Il décrètera un système de vie, il imposera la collaboration de tout citoyen à une construction sociale que nul ne pourra discuter, même s’il en désapprouve l’esprit.

Liberté d’association ? La dissolution des ligues lui en donne le plus éclatant démenti. On prétendra que cette dissolution était utile, nécessaire. Je ne discute pas ces mesures. Je me place sur le seul terrain philosophique. Et je dis : non, l’homme n’est plus libre.

Bien plus, la contrainte bientôt peut se faire active. La C.G.T. ne réclame-t-elle pas le syndicat unique, la suppression des associations syndicales libres ? Ne veut-elle pas imposer à tous les salariés l’affiliation obligatoire ?

Un sénateur, lors de la discussion sur les contrats collectifs, demandait que tous les syndicats ouvriers eussent leurs délégués. L’amendement a été repoussé. La C.G.T. aura en fait le monopole dans la représentation de la classe ouvrière [...].

Ce texte, intitulé À celle qui s’éloigne... Adieu Liberté ! paraitra dans Le Journal, le 4 juillet 1936, avec quelques variantes. Cette même année, il obtint le prix Goncourt pour son roman L'Empreinte du dieu.

Encre noire.

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