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Robert Brasillach et le prix Goncourt de 1939

Robert Brasillach (Perpignan, 1909/1945)
Écrivain, rédacteur en chef de "Je suis partout" (1937-1943), il milite en faveur de la collaboration. Condamné à mort et fusillé à la Libération.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-8

Lieu : S.l.

Date : Jeudi 16 décembre 1939

Destinataire : à un ami.

Etat : Pliures centrales, papier légèrement froissé.

Description :

Robert Brasillach évoque sa déception après avoir manqué de peu le Prix Goncourt, en 1939, contre ses espérances. Il comptabilise ses soutiens et ceux qui n'ont pas voté pour lui :

"Cher et illustre ami, j'ai bien reçu votre honorée du 10, et vos condoléances dont auxquelles [sic] le prix que je n'ai pas eu. Il est vrai que Léon est le coupable. Car au premier tour, votèrent pour moi Benjamin [René Benjamin, Prix Goncourt en 1915], Sacha [Guitry] et J.H Rosny aîné. Le jeune Rosny (79 ans) avait dit qu'il voterai pour moi au 2e tour, si j'avais une chance de majorité au 1er. Fort de ça, Benjamin avait demandé à Daudet de lâcher tout de suite Simone (née Benda). Le dit Daudet jura tout aussitôt de voter pour Simone à tous les tours, comme il avait annoncé urbi et orbi. Et voilà.

Ca ne fait rien. Je connais la maison-mère. Je lui ai grande reconnaissance de m'avoir accueilli mais je sais qu'une fois accueilli , on n'a plus droit à rien si on n'entre pas dans un clan, chose que je ne veux pas. Ca n'enlève rien à ma reconnaissance primitive. Et j'ai trop d'affection pour Maurras. Et le vieux Léon est un personnage si pittoresque qu'on ne peut lui en vouloir. Et puis, au fond, c'est d'une superbe indépendance de voter pour une vieille youpine en 1939, et contre le critique de sa "maison".

Je regrette surtout la permission que ça m'aurait valu. Non Thierry Mouliner n'est pas, autant que je sache, réformé. Il est renvoyé dans ses foyers pour attendre qu'on ai besoin de lui, dit-on. D'ailleurs quand il est rentré dans le dit foyer, composé d'un atelier, la femme de ménagerai lui change de place la poussière était partie avec tous ses vêtements civils. Alors il s'est promené dans l'existence avec un vieux pantalon d'été et un vieux veston de sport empruntés. ce, au mois de novembre.

Je peux aller en permission fin janvier, je ne sais pas exactement quand. J.S.P. [Je suis Partout, journal collaborationniste et antisémite qu’il dirigeait] est très bien. Mais cette censure est embêtante. Il y a des tas de choses qu'on voudrait dire, et qu'on ne peut pas imprimer. C'est parfois un jeu assez drôle, bien sûr mais pas toujours. Et la [position de jouteur ?] n'est pas amusante. Et puis, est-ce que le gouvernement qui a laissé saboter pour des dizaines de millions de machine-outils à Tulle et à Puteaux est digne de pitié ? M. Daladier sera-t-il jusqu'au bout fidèle au serment du 14 juillet avec les communistes ? On pourrait le croire [...]". Il espère revoir bientôt son correspondant, et précise que "PAC", Pierre Antoine Cousteau, est en permission et que Georges Blond est "toujours amical".

En 1939, le roman Les Sept Couleurs, de Brasillach, manquera de peu le prix Goncourt, décerné finalement aux Enfants gâtés de Philippe Hériat.

Pauline Benda, dite Madame Simone, de confession juive, était une femme de lettre et une comédienne.

Encre bleue.

Vendu