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Lettre scientifique d’Horace Bénédict de Saussure sur Faujas de Saint-Fond et les expériences des frères Montgolfier

Horace-Bénédict Saussure (de) (Genève, 1740/1799)
Naturaliste et alpiniste suisse, fondateur de l'alpinisme.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 pp. - Format : In-4

Lieu : Genève

Date : 16 décembre 1783

Destinataire : à son ami le financier Michel Audéoud, à Paris

Etat : Une déchirure sans manque et minime mouillure angulaire.

Description :

Belle lettre d'Horace Bénédict de Saussure qui se situe dans le cadres de ses expériences sur l'air, à l'occasion de la publication de l'ouvrage de Faujas de Saint-Fond sur la machine aérostatique des frères Montgolfier.

Passionné par l'invention des frères Montgolfier, Horace Bénédict de Saussure fit un don pour permettre le financement de leurs travaux. Il explique que c'est grâce à la faible densité de l'air chaud que la montgolfière peut monter. Il se rendra à Lyon, où les frères Montgolfier ont construit un nouveau ballon, le Flesselles. Et y fera des expériences qui le pousseront à entrer dans un ballon pendant son gonflage.

"J'ai été agréablement surpris de recevoir le livre de Mr de Faujas que vous avés eu la bonté de m'envoyer ; non seulement parce que je désirais extrêmement de le lire mais encore parce que j'ai été infiniment flatté de cette attention obligeante de votre part à laquelle je n'avois absolument aucun titre. Madame Audéoud m'a fait la grâce de me communiquer les nouvelles intéressantes que vous lui aviés mandées. J'ai peine à croire que le feu de la cuisine de la maison qui porteroit une de ces machines pût jamais servir à les faire aller ; le feu perd trop de son activité en passant par le canal d'une cheminée, mais l'idée est agréable & ingénieuse. Vous avés saisi avec enthousiasme cette étonnante découverte & je comprends fort bien comment l'on s'en passionne. Pour moi, je me suis contenté de faire en petit quelques expériences qui m'ont démontré que les machines de ce genre qui sont animées par des corps embrasés ne s'élèvent que par la raréfaction de l'air que produit la chaleur de la flamme non point par la génération de quelque gaz ou fluide élastique plus léger que l'air ; car j'ai éprouvé que l'air qui sort de la flamme est plus pesant que l'air commun. Mais cela même augmente l'étonnement que l'on doit avoir de ce que l'on a tant tardé à faire cette découverte car la dilatation de l'air par la chaleur et la diminution de poids qui en est la conséquence sont un des faits les plus anciennement connus des physiciens. J'ai appris dans l'ouvrage de Mr de Faujas un grand nombre de détails intéressans que j'ignorois absolument ; la lettre de Meusnier que cet ouvrage renferme est rempli de saveur et d'esprit ; je le répète, monsieur, le livre en lui-même, et cette marque flatteuse de votre souvenir m'ont fait le plus grand plaisir, je vous prie d'en agréer mes remerciemens les plus sincères [...]". Il ajoute "Je devois partir après-demain avec toute ma famille pour aller à Lyon voir les grandes expériences de Mr Montgolfier, mais elles sont renvoyées à l'année prochaine".

Le géologue et vulcanologue Barthélemy Faujas de Saint-Fond venait de publier le premier volume de sa Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier paru en 1783. Il s'y trouve entre autres une lettre à Barthélemy Faujas de Saint-Fond par le mathématicien Jean-Baptiste Meusnier, élève de Gaspard Monge, correspondant de l'Académie des Sciences, et officier du Génie, et qui s'y propose de modéliser en termes mathématiques les expériences d'ascension. Le second volume de cet ouvrage, qui paraîtrait l'année suivante, comporterait deux lettres de Saussure, l'une du 22 février 1784 sur les expériences aérostatiques de Joseph Montgolfier à Lyon en janvier 1783, l'autre du 26 mars 1784 sur ses propres « Expériences électriques faites [...] avec un ballon à air dilaté ». Barthélemy Faujas de Saint-Fond avait auparavant publié plusieurs ouvrages dans les centres d'intérêt particuliers d'Horace-Bénédict de Saussure, dont des Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay (1778) et le premier volume d'une Histoire naturelle de la province de Dauphiné (1781).

Adresse au verso du second feuillet, sceau armorié de cire rouge conservé.

2800,00

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