Sténio Vincent, Président de la République d’Haïti, veut renforcer l’amitié franco-haïtienne
Sténio Vincent ( Port-au-Prince, 1874 /1959)"Le Dr. Léon a bien voulu me communiquer la lettre que vous lui avez adressée le 19 de ce mois. C'est une telle mine de sympathie pour Haiti, et si riche, que je m'en voudrais de ne pas l'exploiter à fond et tout de suite, au profit de nos vieilles relations d'amitié franco-haitiennes que nous tenons, par ici, non pas seulement à conserver, mais encore à développer de plus en plus et dans tous les sens. Je crois, comme vous, qu'il est facile de dissiper le malencontreux nuage qui est venu les assombrir et que, y appliquant les bonnes volontés qui s'offrent - et la vôtre nous est particulièrement précieuse à cette occasion - on arrivera à aplanir les difficultés actuelles. Pour le moment, l'accord pourrait être simplement un accord de procédure, consistant à séparer la question du 1910 de celle de l'Accord commercial. Celui-ci rétabli permettrait de reprendre la discussion sur l'affaire du 1910 et d'envisager, avec plus de liberté d'esprit et en dehors de toute pression, les bases d'un arrangement raisonnable. Je m'empresse de vous remettre, avec la présente, un mémoire préparé par les Services de notre Département des Relations Extérieures. Il vous aidera à bien vous rendre compte de ce qui fait l'objet du différend et à faciliter votre conversation avec l'honorable M. Alexis Léger [Saint-John Perse], secrétaire Général des Affaires Etrangères. En vous remerciant, une nouvelle fois, d'une intervention d'amitié qui nous touche profondément et sur le succès de laquelle nous comptons beaucoup, croyez bien, mon cher Professeur Marion, que, quoi qu'il arrive, mon Gouvernement et tous les Haitiens vous garderont la plus vive gratitude pour le concours si aimable et si empressé que vous voulez bien leur apporter en vue de rétablir les rapports normaux entre la France et Haiti, sa fille émancipée... Nous aurons probablement bientôt un nouveau Ministre à Paris à qui je demanderai, d'une façon toute particulière, d'appuyer sa diplomatie des démarches officieuses que vous indiquez, et qui, souvent, je le reconnais, activent bien mieux la solution des affaires que ne le font les habituelles lenteurs des conversations officielles."
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