Valéry Larbaud absorbé par une préface d’une traduction des Sonnets de Shakespeare, se renseigne sur Ingeborg Johansen
Valery Larbaud (Vichy, 1881/1957)"Cher monsieur. J’ai eu une bien agréable surprise en ouvrant le numéro de La Revue Nouvelle que j’ai reçu hier ! Cette dédicace me touche d’autant plus que ces pages sont tout à fait réussies, écrites avec beaucoup de fermeté, et avec une grande justesse d’expression dans la peinture des nuances du sentiment. Je vous en félicite. C’est une chose qu’on a plaisir à relire. Faites-vous le service à Ramón Gómez de la Serna [l'écrivain espagnol (1888-1963)] ? Il sera content de lire "Roma" et de s’y voir nommé. Sa nouvelle adresse est : 185, 1, Riviera di Chiaia, Naples.
Le nom du restaurant de Madrid que vous citez est Botin, avec un seul t. Vous connaissez sans doute leur "cochon de lait au four". Un peu lourd pour le soir, mais excellent !
Tout ce numéro me paraît intéressant, et j’ai dû lui lus avec un grand plaisir la note de Monsieur Georges Petit sur les "Carnets" de l’ambassadeur Louis. Je suis tout à fait d’accord avec ce qu’il en dit. C’était un beau morceau de satire, - genre qui semble terriblement abandonné en cette époque.
Qui est Ingeborg Johansen [l'écrivaine danoise Ingeborg Johansen (1896-1986)] ? Je croyais que c’était une danoise, mais je vois que son ouvrage est « traduit de l’allemand ». C’est peut-être une personne que James Joyce a connu pendant la guerre. J’aimerais avoir quelques détails sur elle.
J’étais plein de remords lorsque je songeais à ma promesse faite à La Revue Nouvelle. Je suis complètement absorbé par une Préface pour une traduction des Sonnets de Shakespeare. Mais j’ai retrouvé ici un brouillon : "Romances", avec l’épigraphe : "Willst du dein Herz mir schenken…" ["Veux-tu me donner ton cœur ?"]. La première, "La Rue Soufflot", a paru dans "L’éventail de Mme Marie Laurencin", en 1920 ou 21. Mais il y a une "Sulpicia", et son pendant "Nemesis" (celles de Tibulle) qui sont inédites. J’ai revu, corrigé, et recopié "Sulpicia" et je vous l’envoie pour la revue. "Nemesis" me plaît, mais il me demanderait un assez long travail. Si vous publiez "Sulpicia", il faudra que les épreuves soient corrigées avec beaucoup de soin".
"Sulpicia" paraîtra effectivement dans La Revue nouvelle du 15 juillet-15 août 1926 (p. 1-2).
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