Yolande de France, soeur de Louis XI et duchesse de Savoie, ordonne la défense de Rossillon, en Bugey, contre des mercenaires

Intéressante lettre de Yolande de France (1434-1478), duchesse de Savoie, sœur de Louis XI. Dans le contexte troublé de l’année 1475, Yolande, alors régente au nom du jeune duc Philibert depuis la mort du duc Amédée en 1472, et alliée à la Bourgogne par crainte d’une alliance de celui-ci avec les Milanais, doit faire face à la reprise des hostilités entre la France et la Bourgogne après trois ans de trêve. Elle a par ailleurs mécontenté les cantons suisses. Des troupes de mercenaires traversent le Piémont et la Savoie. C’est dans ce contexte qu’elle donne des ordres à son écuyer Jean de Longecombe, pour défendre le passage de troupes étrangères à Rossillon, en Bugey (aujourd’hui dans l’Ain), qui est un « mandement » stratégique aux marches de la Savoie : Rossillon contrôlait le passage dans la Cluse des Hôpitaux, entre Virieu-le-Grand et Saint-Rambert, donc entre la Bresse et la Savoie. La missive devait être accompagnée des lettres patentes portant ses ordres détaillés. Elle assure son correspondant de futures récompenses pour sa peine.

« La duchesse de Savoye. Chier et bien amé escuyer, Nous vous avons constitué et député capitaine et guarde des passaiges estans au mandement de Rossellion par ainsy que plus a plain verrés en noz lectres patentes que par le present pourteur vous envoyons. Et car avons en vous singuliere confiance meismement par la experience qu’avons heue ès services que au temps passé nous avés fays, Nous vous prions et mandons, tant acertés que pouvons, que a ce fere vous employés et diligentés par façon que, a vostre bon moyen et aide, l’on puisse obvier aux entreprinses des ennemys comme le sçaurés bien fere. Et le service que nous y ferés, nous le recognoytrons avecques les aultres en temps et lieu par façon que une aultreffoys aurés cause de tousjours mieux fere. Testet Dieu qui soit garde de vous. Escript a Montcallier le dernier  jour de may. » Signé « Yolant » et contresignature « Marnix ».

Au verso: "A notre chier et bien aimé escuyer le Sr de Longecombe".

La duchesse fera les frais du mécontentement de Charles le Téméraire après la défaite de Morat : il la soupçonne d’avoir conclu une alliance secrète avec la France. Elle sera arrêtée en juin 1476 à Gex (Ain) et emprisonnée au château de Rouvres (Côte d’or).

Bibliographie : Samuel Guichenon, Continuation de la troisième partie de l’histoire de Bresse et de Bugey, 1650, p. 132 (allusion à ce document). - François Munier, Lettres des princes de la maison de Savoie à la ville de Chambéry, Chambéry, 1888.

Très rare signature.