Intéressante lettre de Florent Schmitt sur son étude symphonique « Le Palais hanté », tirée d’E.A. Poe, créée en 1904
Florent Schmitt (Blâmont, 1870/1958)Très intéressante lettre de Florent Schmitt sur la genèse de l'une de ses toutes premières oeuvres, Le Palais Hanté, étude symphonique d'après Edgar Allan Poe. Il éclaire la lecture que l'on doit en voir.
"Voici la notice qui habituellement accompagne l'exécution du Palais hanté. Cette étude symphonique fut composée en 1904 à Anticoli-Corrado [en Italie]. Sous les monts de la Sabine, et exécutée pour la première fois par l'Association des concerts Lamoureux [Orchestre symphonique fondé par Charles Lamoureux] le 8 janvier 1905.
La musique du Palais hanté ne s'attache pas à suivre littéralement le poème d'Edgar Poë qui l'inspira. Elle prétend seulement donner comme une impression synthétique de la vision du conteur. Voici quelques passages du Palais hanté d'Edgar Poë dans la traduction de Stéphane Mallarmé : "Dans la plus vaste de nos vallées par de bons anges occupée, jadis un beau palais majestueux, rayonnant palais, dressait le front. Dans les domaines du monarque Pensée - c'était là son site - jamais Séraphin ne déploya de plumes sur une construction à moitié aussi belle..... Les étrangers à cette heureuse vallée, à travers deux fenêtres lumineuses, regardaient des esprits musicalement se mouvoir, aux lois d’un luth bien accordé, tout autour d’un trône où, siégeant (Porphyrogénète !) dans un apparat de gloire adapté, le maître du royaume se voyait. Et tout de perles et de rubis, éclatante était la porte du beau palais, à travers laquelle venait par flots, par flots, et étincelant toujours, une troupe d’Échos, dont le doux devoir n’était que de chanter, avec des voix d’une beauté insurpassable, l’esprit et la sagesse de leur roi........ Et les voyageurs, maintenant, dans la vallée, voient par les rougeâtres fenêtres de vastes formes qui s’agitent fantastiquement sur une mélodie discordante, tandis qu’à travers la porte, pâle, une hideuse foule se rue à tout jamais, qui rit — mais ne sourit plus".
Schmitt cite ensuite Georges Chennevière : "Tous les motifs de l'œuvre de M. Florent S. semblent issus directement ou indirectement d'un seul thème générateur en fa mineur, thème de danse assez animée qui est présenté par le hautbois aussitôt après l'introduction. Déjà ce thème s'esquisse dans l'introduction, et il engendrera un second thème expressif qui sera d'abord exposé par la clarinette dans un mouvement un peu retenu. Des parentés plus lointaines, évidentes cependant, unissent les éléments divers d'un développement extrêmement serré, où la vigueur de la ligne ne le cède en rien à l'écart fantastique des couleurs". Excusez, n'est-ce pas, ces longues pages. Pourrais-je vous demander un programme. Merci".
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