Les condoléances de Gabriel Fauré à la cantatrice Marie Trélat pour « le plus parfait des hommes »

"Chère Madame. Je suis véritablement consterné par la nouvelle que vient de m'apporter un faire-part ! Je ne puis vous dire combien je plains profondément votre malheureuse fille et vous tous, combien je pense à votre douleur, combien cette disparition, en pleine vie, me stupéfie ! Qu'est-il donc arrivé qui ait pu être si subit, si foudroyant ? Si vous n’êtes pas trop surchargée donnez-moi, je vous en prie, des nouvelles. Je vous assure que je suis bien sincèrement affligé par votre affliction, bien profondément ému par la pensée que je ne reverrai plus chez vous ce malheureux homme qui me paraissait le plus parfait des hommes ! Croyez bien, je vous prie, chère Madame, à ma respectueuse, et bien profonde affection. Gabriel Fauré".

Marie Trélat (1834-1914) était une mezzo-soprano française. Elle tenait salon le vendredi, rue de Seine, et recevait les plus grands musiciens et peintres de l'époque, de Bonnat à Carolus-Duran, de Massenet à Fauré, ainsi que Gounod, Bizet ou encore Saint-Saëns. Fauré dira à son propos qu'elle était une "rare musicienne", pure, sensible et éclairée. Nombre de ses maîtres lui dédièrent des mélodies et elle chanta pour chacun d'eux.