REF: 15628

Lettre entièrement autographe de Voltaire, sur ses affaires à Ferney

François-Marie Arouet dit Voltaire (Paris, 1694/1778)
écrivain et philosophe.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. 1/2 - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : 4 février 1760

Destinataire : Louis Gaspard Fabri, maire et subdélégué à Gex

Etat : Bon

Description :

Intéressante lettre de Voltaire, entièrement autographe, signée "V", dans laquelle il expose deux affaires : l’une d’ordre financier, l’autre plus personnelle :

La première concerne un projet d’emprunt provincial dans lequel deux de ses associés sont prêts à engager d'importantes sommes d'argent : "L'ami Labat a cinquante mille écus à votre service mon cher monsieur ; une autre personne en a cent mille, tout ce qu'on demande c'est un emprunt de la province, avec un acte, de profit et de perte également partagez, il ne s'agit donc plus que de faire savoir aux fermiers généraux qu'on souhaitte traitter avec eux, et Mr d'Epinay viendra traitter avec les pleins pouvoirs. A l'égard du consentement de M. l'entend[an]t c'est une formalité qui n'est pas difficile. Il ne peut s'opposer au voeu de la province, et a l'intesrest du ro["roi", tâche d'encre]. Vous le ferez aisément entrer dans vos sentiments".

Voltaire revient ensuite sur un conflit personnel avec un horloger, un simple artisan puisse qui s’érige en "inquisiteur" et menace de s’adresser directement au roi pour obtenir réparation : "Quant à l'absurde insolence de l'horloger Crose, et de Sedillot son, nous espérons qu'elle sera réprimée. Cet homme a toujours dans la tête que le bled [blé] ne m'appartient pas, cependant nous le mangeons à present. Qui pourrait d'ailleurs m'empêcher d'avoir acheté du bled de Brillon dans ma terre, cet horloger est-il inquisiteur ? et ses calomnies, ses outrages, son procez verbal convaincu de faux ? ne méritent-ils pas punition ? Je suis résolu à m'adresser au Roy et à demander réparation d'honneur mais je me flatte que M l'intendant ne me réduira pas à cette nécessité. Adieu Monsieur je compte sur vos bontez et j'espère que j'auray le bonheur de réussir dans la petite affaire que vous avez bien voulu me confier. Je suis à vous entièrement pour ma vie. V t h ob Sr. [Votre très humble et obéissant serviteur]. V.".

Voltaire développa à Ferney une véritable économie éclairée, investissant dans des manufactures, rachetant des terres et encourageant l'agriculture la prospérité locale. Son ambition et sa réussite l’exposèrent à des jalousies et à des conflits, notamment avec les autorités ou des particuliers. Cette lettre, datée du début de son installation à Ferney [1759], illustre parfaitement ces tensions.

Correspondance de Voltaire, Janvier 1758-septembre 1760, Gallimard, 1980, p. 781.

Papier vergé filigrané des lettres "GR" surmontées d'une couronne. Adresse au verso du second feuillet avec traces de cachet brisé.

Vendu