Proudhon, plongé dans la misère, avec femme et enfants malades, abandonne la littérature
Pierre Joseph Proudhon (Besançon, 1809/1865)Désarmante lettre de Proudhon à son compatriote franc-comtois, le peintre Charles-Edouard Elmerich.
"Mon cher Elmerich,
Je suis, sans exagération, aussi bas percé que vous. Il me faut, dans la huitaine, trouver 700 fr. pour payer les frais de mon procès perdu à Besançon par la malveillance du clergé ; j’ai deux enfants malades, et la mère souffrante, et qui pis est enceinte. Dans un mois, déménagement, et tous les frais qui s’ensuivront. Je suis à la piste de quelques travaux, dans la sphère industrielle et mercantile, ou pour mieux vous dire, je cherche à rentrer dans les affaires, la littérature ne me procurant plus rien.
Je suis désolé que votre gêne coïncide si mal avec ma propre situation ; dans six semaines ou deux mois, peut-être, serais-je en mesure de répondre autrement à votre appel. Voulez-vous que je fasse une chose ? J’écrirai à Maguet [son ami le docteur Alexandre Maguet], et lui demanderai s’il peut vous aider, offrant de prendre la charge de vos 100 fr., aussitôt que mes finances me le permettraient : car, pour le moment, je suis passablement tourmenté du présent et de l’avenir. J’irai vous voir. Bonjour à votre femme. P.-J. Proudhon".
Proudhon était très proche du médecin Alexandre Maguet, à partir de 1854, année où il faillit mourir du choléra, jusqu’à sa mort en janvier 1865.
1300,00€

