[Prince Impérial]. Lettre de l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, au Prince Impérial, durant le Siège de Paris
Abbé Gaspard Deguerry (Lyon, 1796/1871)"Prince,
J'ai enfin l'occasion de me rappeler à votre souvenir et je m'empresse d'en profiter. Depuis le jour, en juillet, où je vous adressai mes adieux et mes souhaits, si pleins, hélas, de radieuses espérances, ma pensée avec l'émotion d'une prière au Seigneur, vous a suivi partout ; de même aujourd'hui vous l'occupez souvent, et il en sera ainsi tant que je vivrai.
J'ai donc éprouvé d'abord vos quelques joies, Prince, puis j'ai ressenti vos douleurs, j'ai souffert vos souffrances et j'ai versé vos larmes. L'adversité si féconde pour mûrir les âmes a déjà sans doute mûri la vôtre, Prince, par les réflexions qu'elle lui a fait faire. Les coups dont elle vous frappe sont bien grands et peut-être sans exemple. Que votre courage soit à la hauteur de l'épreuve! [...]. A mesure que vous grandissez en âge, Prince, grandissez en la dignité de la vie et en l'honorabilité des moeurs sous tous les rapports. Pour cela gardez toujours fidèles votre esprit et votre coeur à la souveraine direction du divin Maître.
Il est une parole que je vous ai dites, Prince, à notre dernier entretien religieux au mois de mai. Cette parole est de La Bruyère : elle ne trouvait que trop son application en ce temps là. Je vous la répète : "Le Français qui est léger, veut le sérieux dans les Princes". Ce sera pour moi un vrai bonheur, mais bien douloureux, si je puis jamais, Prince, vous redire de vive voix mon profond attachement et mon entier dévouement. Votre affectionné serviteur. G. Deguerry curé de la Madeleine".
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