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Longue lettre de Maurice Sachs à Francis Jammes, sur Pèlerin de Lourdes

Maurice Sachs (Paris, 1906/1945)
écrivain atypique, collaborateur puis déporté en camp de concentration, il est exécuté par un SS au moment de la libération du camp.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 7 pp. - Format : In-8

Lieu : Sans

Date : mai 1936

Destinataire : [à Francis Jammes]

Etat : Bon

Description :

Longue et belle lettre de Maurice Sachs, consacrée à la publication du Pèlerin de Lourdes. Avec un croquis dans le texte figurant la future couverture. Quelques ratures, corrections et ajouts.

"[...] J'ai hâte de recevoir le manuscrit du Pèlerin de Lourdes, et très grande hâte de le lire. En ce qui concerne sa parution dans la NRF revue, je ne suis pas follement chaud, parce que quoi qu'on en dise cela déflore un peu l'absolue nouveauté d'un volume, et que je crains qu'un certain public voyant le titre dans la revue n'en déduise que c'est un ouvrage d'esprit NRF, ce que ce ne peut être [...]". Mais il va essayer de négocier avec Paulhan pour satisfaire la demande de son auteur. "Un point de votre lettre au sujet du Pèlerin me gêne extrêmement : c'est celui d'une reproduction de quoi que ce soit ayant paru chez un autre éditeur. En ces temps où l'argent est très rare, Gaston Gallimard supporterait mal d'avoir la sensation que la grosse avance qu'il a faite pour le Pèlerin ne réponde pas à une oeuvre absolument inédite [...]. Donc s'il y a lieu de remettre dans le Pèlerin tel poème déjà paru qui le couronne, allez-y, mais arrangez-vous avec le Mercure pour que je n'ai pas à m'en apercevoir, pas de démarche à faire auprès d'eux qui risqueraient d'ennuyer Gaston Gallimard et qui le ferait regretter nos accords. Ne criez pas à l'injustice : le poète est poète et tient à l'intégrité de son oeuvre, le marchand (éditeur) est éditeur et marchand et tient à l'intégrité nouvelle du nouveau texte qu'il présente [...]." Il explique la raison pour laquelle il ne peut satisfaire sa demande quant à la Collection bleue et le rassure lui disant qu'il sera bien entouré par 4 autres volumes, dont 2 Claudel et 1 Péguy. "J'ai vu Claudel hier à la NRF, nous avons parlé de vous. Je l'ai assuré de mon désir de vous être utile, mais ne me rendez pas ce désir trop difficile. En ce qui concerne la collection Bleue et blanche, il faudrait donc que vous m'envoyiez l'image à reproduire sur la couverture qui se présente comme ceci [croquis]. Au centre de cette croix bleue que voulez-vous mettre ? Pour Péguy nous avons mis la cathédrale de Chartres. Pour Claudel une annonciation d'abord et cette fois le Voile de Turin. Envoyez-moi donc l'image que vous désirez. Quant aux Sources, elles sont admirables, mais pour l'édition voici ce que j'ai à vous dire". Il préconise d'attendre un peu pour compléter ce recueil de poèmes car il est inenvisageable de publier une plaquette de luxe "elles sont invendables" et en l'état le livre serait trop modeste [Francis Jammes le publiera finalement cette même année au Divan]. Il lui fait la même proposition pour les Poèmes franciscains. "Ils sont trop courts pour le livre bleu à 3 frs. Ajoutez y donc d'autres poèmes chrétiens même parus en revue (mais non en volume). Il me faut 128 pages et je vous ferai le même contrat que pour les Morceaux choisis [...]".

Encre noire sur papier à en-tête NRF.

Vendu