REF: 13238

Magnifique lettre de Fouché au Prince Eugène se défendant des insultes de ses ennemis

Joseph Fouché (duc d’Otrante) (Le Pellerin, 1759/1820)
Ministre de la Police de Napoléon.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 pp. - Format : In-4

Lieu : "Lintz" [Linz, Autriche]

Date :  28 avril 1819

Destinataire : Le Prince Eugène de Beauharnais (1781-1824)

Etat : Bon

Description :

Magnifique lettre d'exil.

"Je supplie Sa Majesté de me conserver toute sa bonne volonté pour d'autres circonstances. Votre altesse ne peut lui dire assez combien je serois désespéré d'être un hôte incommode [...]. D'après ce qu'on m'écrit de Paris, mon séjour en Bavière pourroit devenir pour vôtre altesse même un sujet d'embarras. On a déjà imprimé dans le journal Le Vrai Libéral du 20 mars que le Prince Eugène songeoit à faire valoir ses droits à la Régence du Royaume de France. Il semble que cette grande nation ne soit plus comparable qu'à la toison d'or, et qu'un seul dragon en ait la garde. La comparaison qu'on fait de vous à Jason est plus juste : du moins vous avez comme lui des ailes pour voler à l'immortalité et vous lui ressemblez sous d'autres rapports ; mais vous avez plus de raison et vous êtes plus sage ; vous n'avez heureusement son goût pour le lit d'autrui qui l'a perdu".

Il évoque sa situation personnelle d'exilé : "J'ai appris à savoir me résigner ; je me contenterai aujourd'hui de traverser la Bavière, je ne m'y arrêterai que pour prendre mon transit sans lequel je serois confisqué comme chose de contrebande. J'ai eu l'honneur d'écrire à votre altesse, le 19 de ce mois, sur des calomnies répandues en Allemagne contre moi et auxquelles on a donné l'appui de son nom. Mes ennemis pensent sans doute que pour établir entre eux et moi l'égalité des conditions, il me faut des injures capables de balancer les avantages que j'ai sur eux [...]. Il n'y a pour moi que les suffrages des honnêtes gens qui comptent. Toutefois les fripons ne sont pas si méprisables, car en leur qualité d'hypocrites ils s'insinuent partout. Vous vous rappelez la fable du serpent à plusieurs queues : il passa où le serpent à plusieurs têtes ne pût passer. Mon prince, si ma plume pouvait vous dire tous les mensonges qu'on fait au sujet de mes prétendus projets, ma lettre serait trop longue. Ayez un peu d'amitié pour moi, j'y suis très sensible [...]".

Encre brune sur feuillet double. Transches dorées.

Vendu