REF: 13170

Exceptionnelle lettre de Barbès, l’année de sa mort, sur ses combats et le droit des femmes

Armand Barbès (Pointe-à-Pitre, 1809/1870)
Républicain farouche, il rejoint plusieurs sociétés prolétariennes (dont la Société des Saisons). Il prend part à deux journées historiques : celle du 12 mai 1839, avec la tentative de renversement de Louis-Philippe puis celle du 15 mai 1848, avec la formation d'un gouvernement insurrectionnel. Amnistié en 1854, il meurt exilé.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 6 pp. - Format : In-8

Lieu : "Lahaie" [La Haye]

Date : 3 février 1870

Destinataire : Une amie

Etat : Anciennes traces de colle. Traces d'onglet et petit manque de papier avec minime atteinte au texte

Description :

Longue et passionnante lettre d'Armand Barbès, adressée à une amie, depuis La Haye, où il mourra peu de temps après.

Désolé de sa réponse tardive, du fait de sa mauvaise santé, Barbès loue l'ouvrage de sa correspondante "depuis que je l'ai lu, je vous ai donné une bonne place dans mon cœur". Puis il en vient à la question des "assermentés" et sur l'échec du parti républicain à travers une analyse du Second Empire : "[…] Cet échec vient du manque de direction, et des divisions que vous déplorez. Heureusement que l'empire fait fautes sur crimes, et qu'il est fatalement condamné à crouler ! […] Être à la fois Bonaparte et Louis-Philippe, c'est trop d'un ! La France ne les supportera pas tous les deux dans la même peau ! […]".

Il remercie ensuite son amie de le croire "chevaleresque", en référence à son surnom le "Bayard de la démocratie" [...] ce qui est vrai, c'est j'ai sans cesse associé dans mon cœur au nom de la France, ceux de chevalerie et d'égalité", À propos de sa mère et du droit des femmes : "une créole de la Guadeloupe, que j'ai eu le malheur de perdre très jeune [...]. La France, disait-elle, est notre mère-patrie, le pays de grandes choses. On doit tout lui sacrifier ! Et un homme doit toujours prendre le parti des femmes, les honorer, les respecter, se faire tuer pour elles, si le cas l'exige ! […] Il est de strict devoir de restituer aux femmes les droits qui leur appartiennent. Elles sont nos égales sous bien des rapports, nos supérieures sous certains autres […]".

Barbès félicite son amie pour son projet de cours. "C'est par la parole qu'il faut combattre l'ignorance, les préjugés, les haines, les partis pris, et préparer le terrain des principes et de l'avenir". Il termine en revenant sur sa santé : "[…] Je suis bien exténué, bien malade de la plupart de mes organes ; et je ne sais combien de jours il me reste encore à vivre […]". Il mourut peu de temps après, le 26 juin 1870.

On y joint un émouvant document à l'en-tête de la Maison de déportation et de détention de Belle-Île en mer. Il s'agit d'un bon signé par Armand Barbès, pour quinze litres et demi de vin. Palais, le 1er janvier 1854.

Figure de proue du militantisme républicain, Armand Barbès est condamné une première fois à la détention perpétuelle suite à la journée d'insurrection du 12 mai 1839, durant laquelle les républicains de la Société des saisons tentent de renverser Louis-Philippe. Libéré par la révolution de 1848, il est de nouveau incarcéré le 15 mai 1848, lorsque des militants des clubs tentent d’imposer leur loi au gouvernement provisoire. Il sera amnistié en 1854 par Napoléon III mais choisit de s'exiler aux Pays-Bas, où il mourra quelques semaines avant que la République ne succède à l'Empire.

Encre noire sur papier vergé bleu.

Vendu