REF: 13169

L’anarchiste Émile Henry loue « les actes énergiques de révolte contre la société bourgeoise »

Émile Henry (Barcelone, 1872/1894)
Anarchiste français, guillotiné pour avoir commis plusieurs attentats.

Type de document : manuscrit autographe signé

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 pp. - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : [1892]

Destinataire : Sans

Etat : Bon

Description :

Précieux et très rare manuscrit de l'anarchiste et assassin Émile Henry (exécuté à 21 ans), intitulé Camarades de l'Endehors. Quelques ratures.

Henry répond par un article, à la chronique d'Errico Malatesta () révolutionnaire anarchiste italien, parue sous le nom "Un peu de théorie", dans le n°68 de l'Endehors, le 21 août 1892.

"Je lis dans votre dernier numéro un article du compagnon Malatesta intitulé "Un peu de théorie". Je vous prie de vouloir bien insérer ces quelques lignes de réflexions personnelles à ce sujet. Le Comp. Malatesta, après avoir  développé l'imminence et la nécessité d'une révolution violente, et considéré comme le rôle des anarchistes de contribuer à sa venue prochaine, dit que "tout acte de propagande ou de réalisation, par la parole ou par le fait, individuel ou collectif, est bien quand il sert à approcher et faciliter la Révolution...". Parlant ensuite des actes de révolte inspirés par la haine résultant des longues souffrances endurées par le prolétaire, Malatesta ajoute qu'il comprend et pardonne ces actes [...]". Henry pointe les incohérences de Malatesta "En effet, que veulent les anarchistes ? L'autonomie de l'individu, le développement de sa libre initiative, qui, seuls, pourront lui assurer le bonheur ; et s'il devient communiste, c'est par simple déduction, car il comprend que ce n'est que dans le bonheur de tous, libres et autonomes, comme lui, qu'il trouvera le sien propre.

Il évoque la révolte de Ravachol, militant anarchiste récemment exécuté ( les idées terroristes de l'anarchiste italien Francesco Saverio Merlino (), dont les actes "réveillent la masse" et ajoute "[...] nous ne leur reconnaissons pas le droit de dire : "Notre propagande seule est la bonne ; hors de la notre, pas de salut". C'est un vieux reste d'autoritarisme que nous ne voulons pas supporter, et nous aurions vite fait de séparer notre cause de celle des poncifs ou aspirants tels. En outre, le compagnon Malatesta nous dit que la haine n'engendre pas l'amour. Nous lui répondons que c'est l'amour qui engendre la haine : plus nous aimons la liberté et l'égalité, plus nous devons haïr tout ce qui s'oppose à ce que les hommes soient libres et égaux." Pour Henry, les hommes sont le fruit d'institutions donc le seul moyen d'atteindre ces institutions c'est de frapper l'homme. "[...] nous accueillons avec bonheur tous les actes énergiques de révolte contre la société bourgeoise, car nous ne perdons pas de vue que la Révolution ne sera que la résultante de toutes ces Révoltes particulières".

Émile Henri termine son article par ces mots "À vous et à l'Anarchie".

Vendu