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Belle lettre dictée par la princesse de Lamballe

Princesse de Lamballe (Turin, 1749/1792)
Princesse de la Maison de Savoie-Carignan. Elle épousa Louis-Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe et fut une grande amie de Marie-Antoinette.

Type de document : Lettre dictée

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 p. 1/5 - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : 3 avril 1782

Destinataire : M. Forth

Etat : Sans

Description :

Lettre dictée par la princesse de Lamballe, Marie-Thérèse-Louise de Carignan,  à un secrétaire, adressée à M. Forth à Londres.

Rare.

"Si jeusse imaginé, Mon cher Forth, que vous fusiez parti qu'à cinq heures du soir, au lieu de cinq heures du matin, je vous aurais décidé à venir au concert spirituel ce jour-là, qui a été le plus beau, me meilleur, et le mieux exécuté qu'il y ait jamais eu à Paris. Mon *(Le Prince de Vaudemont) camarade eut été [mot oublié] vous voir et vous dire un dernier adieu ; car il vous aime beaucoup, et au point que j'en serais presque jalouse. Etes-vous arrivé à Londre [sic] en bonne santé ? Vous devriez savoir le plaisir que vous m'eussiez fait de me l'écrire. Les oiseaux de M. le prince de Conti sont-ils arrivés à bon port ? Vous savez mon cher Forth, combien ce pays-cy est extravagant, combien les oisifs y sont multiplies : une partie y mourroit d'ennui, si ils n'y faisoient pas des nouvelles - chacune habillé votre apparition dans ce pays-cy à sa guise. Vous prétendez qu'on vous y voyoit comme le boeuf gras, et vous avez raison. Ce que la curiosité fait faire aux hommes est incroyable. Quand vous avez été parti, on a cru sans doute que j'étois M. Forth car on n'a fait des questions plus ridicules les unes que les autres ; et commes  il faut se mettre à l'unisson, j'ai emprunté le ton d'arlequin et de polichinelle pour y répondre. Moi, Mon cher ami, qui sui [sic] d'une nation mixte, je tiens à toutes les nations du monde par humanité et le bien de la paix [...]". Elle souhaite le revoir rapidement et le grondera si il ne s'est pas occupé de ses commissions. Elle ajoute à propos de Vaudemont "Si la paix se fait, mon camarade est bien décidé à aller en Angleterre à y passer quelques tems en philosophe [...]". Elle termine son courrier par ces mots affectueux "Voilà une bien longue lettre, Mon cher Forth, pour le début d'un commerce littéraire. Je la finirai en vous assurant de la sincérité de tous mes sentiment".

Très beau papier à lettre avec encadrement au pochoir formé de chaînettes roses encadrant un semis de fleurs roses et bleues. En-tête formé d'une guirlandes de fleurs et noeuds retenant un médaillon orné du chiffre CM, dessiné au crayon à papier avec rehaut d'aquarelle vert et rose. Lettrine identique.

Ce courrier est décrit dans l'ouvrage de François Adolphe Mathurin de Lescure : La princesse de Lamballe, sa vie - sa mort (Paris, Henri Plon, 1864), dans les termes suivants :

« […] La Princesse ne semble pas avoir eu la verve ni la fécondité épistolaire ; elle écrivait peu et sans éclat. Il existe cependant, nous dit-on, des lettres qui donnent une favorable idée de sa conversation, et où pétille un spirituel enjouement. On nous a cité, notamment, une lettre adressée à M. Forth, à Londres, sur papier décoré de vignettes en couleur, à son chiffre, le 3 avril 1782. Cette lettre commence ainsi : « Si j'eusse imaginé, mon cher Forth, que vous fussiez parti à cinq heures du soir, etc. » La lettre a trente-neuf lignes. Quant à son objet, elle roule sur le départ de Forth, et sur la curiosité que son apparition à Paris a excitée parmi les oisifs de la cour, auxquels elle a dû répondre en prenant le ton d'Arlequin. Le prince de Vaudemont, qu'elle nomme simplement « son camarade », ira à Londres, si la paix se fait entre les deux nations. Le style de la lettre est celui de l’intimité ; la dernière moitié principalement renferme des phrases charmantes, exquises, spirituelles et pleines de doux sentiment […] ».

Encre brune sur papier vergé filigrané richement décoré au pochoir et à la main (v. description ci-dessus).

Vendu