REF: 11530

Passionnant ensemble sur l’affaire Mirabeau

Honoré Gabriel Riqueti Mirabeau (marquis de) (Le Bignon-Mirabeau, 1749/1791)
Homme politique français. Grand orateur du début de la Révolution.

Type de document : Deux pièces autographes signées et un document

Nb documents : 3 - Nb pages : 10 pp. 1/3 - Format : in-4 et in-folio

Lieu : Sans

Date : [Ca 1782-1785]

Destinataire : Sans

Etat : Bon

Description :

Passionnant ensemble relatif à la séparation des époux Mirabeau, suite au scandale de l’affaire éponyme.

Il est composé de :

- Lettre autographe signée d'Honoré Gabriel Riqueti, signée "Le Cte de Mirabeau fils - rue neuve des Mathurins, vis-à-vis de la Chaussée d'Antin". S.d. 2 pp. in-4. "Je me suis fait écrire chez vous, Monsieur, hier au soir, et j'ai appris à Monsieur que Monsieur le garde des sceaux avoit bien voulu m'accorder que vous fussiez le rapporteur de la requête que j'ai présentée au conseil pour obtenir la cassation de l'arrêt du Parlement de Provence du 5 juillet qui me sépare de corps et d'habitation d'avec Madame de Mirabeau jusqu'à ce qu'autrement soit dit et ordonné. Le désir que j'ai eu de vous avoir pour rapporteur, Monsieur, sans avoir le moins du monde l'honneur de vous connoître, ni vous, ni aucune de vos attenantes, doit vous prouver également et la réputation dont vous jouissez, et la ferme résolution où je suis de ne devoir justice qu'aux Lumières et à l'intégrité de mon juge. Il ne faut pas toute votre bonté et toutes vos vertus pour sentir l'importance d'un débat judiciaire qui peut me priver pour jamais de ma femme, et de la douceur d'être père ; sans compter les considérations (moins importantes pour mon cœur ; mais sérieuses cependant et qui seules ont ourdi le procès) des substitutions et de la grande fortune qui y sont compromises. […]".

- Lettre signée du Chevalier Pierre-Joseph de Colonia, Avocat général au Parlement de Provence Maître des requêtes et Intendant du commerce puis intendant des fermes générales. S.l., 13 février 1784. 2 pp. in-8. Recommandation pour la Comtesse de Mirabeau auprès de M. de Velledeuil, intendant au département de la Régie générale : "[...] Made la Ctesse de Mirabeau, femme assez connue par ses malheurs et qui m'a dit qu'elle devoit avoir l'honneur de vous voir demain [...] si l'arrêt du Parlement d'Aix étoit cassé, Made de Mirabeau retomberoit dans un abîme de malheur dont on ne pourroit prévoir ni la fin ni les résultats ; s'il y a une affaire au monde ou les considérations et l'opinion publique puissent avoir beaucoup d'influence, c'est celle là [...]".

- Mémoire manuscrit d'époque. S.l.n.d. 7 pp. in-folio brochées par un ruban de soie rose. Long résumé des faits relatifs à cette affaire, allant de la contraction des dettes d'argent aux infidélités, de la fuite amoureuse avec Mme. de Monnier, au procès avec relation des étapes judiciaires, en faveur de Mme de Mirabeau.

On joint une chemise de papier vergé filigrané et titrée, de l'époque.

 

Mirabeau "fils" vécut une jeunesse tumultueuse marquée par le libertinage, les dettes de jeu et les séjours en prison (parfois imposés par son propre père le Marquis de Mirabeau). Il épouse néanmoins en 1772 Émilie de Covet-Marignane, fille du puissant marquis de Marignane. Après plusieurs séjours au donjon de Vincennes (pour échapper à ses créanciers), il doit s'exiler en 1775 au château de Joux, en Franche-Comté. Usant de son charme, Mirabeau parvient à assister malgré tout à Pontarlier aux fêtes organisées pour le sacre de Louis XVI. Il y rencontre Sophie de Monnier, jeune femme mariée au marquis de Monnier, président de la chambre des comptes de Dole. Les deux amants s'enfuient aux Provinces-Unies, et seront jugés par contumace à Pontarlier (Sophie sera condamnée à l'enfermement à vie dans une maison de repentance pour crime d'adultère, Mirabeau à mort pour rapt et séduction), avant d'être finalement rattrapés à Amsterdam. Sophie (qui a entre temps mis au monde une petite Gabrielle) est finalement condamnée à être enfermée au couvent des Saintes-Claires, à Gien (jusqu'à sa mort tragique en 1789), tandis que Mirabeau échappe au bourreau : il est emprisonné au donjon de Vincennes de 1777 à 1780 (il ne connaîtra pas sa fille, morte très jeune), à la même période que le marquis de Sade. Il s'y consacre à l'écriture (ses Lettres à Sophie, Des Lettres de cachet et des prisons d'État, et une œuvre érotique particulièrement crue). Mirabeau est libéré le 13 décembre 1780, mais reste sous la tutelle vigilante de son père. S'il ne purge pas sa peine avant mai 1782, il devra 40 000 livres de dommages et intérêts ; il se livre donc le 8 février 1782 à Pontarlier, et demande l'absolution aux juges. Sa défense est assez simple : une femme mariée ne peut être victime de rapt, et Sophie l'a suivi parfaitement librement, la séduction ne pouvant donc être retenue.
Sa femme demande la séparation de corps en 1782 et est défendue par Portalis. Mirabeau défend sa propre cause dans ce procès qui défraie la chronique. Il le perd, après une joute oratoire assez hostile. Elle obtient la séparation de corps en juillet 1783. Mirabeau ne montre pas de ressentiment à l'encontre de Portalis car, non seulement il reconnaît publiquement ses qualités oratoires et sa loyauté, mais, de surcroît, il le consultera plus tard sur une affaire et demandera son appui lors de la campagne électorale de 1789 pour les états généraux, en Provence.

Encre brune sur papiers vergés filigranés.

1800,00

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