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Louis Racine, Voltaire et Rembrandt

Louis Racine (Paris, 1692/1763)
Poète français. Il est le septième et dernier enfant du dramaturge Jean Racine.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 4 pp. - Format : In-4

Lieu : S.l.

Date : 19 janvier [1750]

Destinataire : Gérard Nicolas Heerkens

Etat : Pliures centrales. Minimes taches.

Description :

Lettre autographe signée de Louis Racine, fils de Jean Racine. Elle est adressée au médecin et poète hollandais Gérard Nicolas Heerkens.

Très belle et longues lettre, tirant quelques flèches assassines sur Voltaire et négociant livres et des estampes de Rembrandt.

« J’ai l’honneur de répondre sur le champ, monsieur, à votre lettre du 10, parce que vous demandez prompte réponse, à cause des petits morceaux de Rembrant [sic] que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Il faut que les ouvrages de ce peintre soient plus chers dans votre pays qu’à Paris, ce que je n’aurois pas cru ; ces petits morceaux dont les épreuves sont usées, ne valent pas 25 s pièce. D’ailleurs le libraire, dites-vous, veut qu’on prenne le tout et il s’y trouveroit des morceaux que j’ai déjà̀. J’ai par exemple la grande de vos trois, c’est à dire Les Disciples d’Emmaüs. S’il avoit voulu donner le tout pour 1 louis de notre monnoye, j’aurois tout pris au hasard. Mais à 25 s. pièce, c’est trop. Ainsy, je vous renvoye ces trois. Si parmi celles qu’il a se trouvoit Adam et Ève, je serois fort aise de l’avoir, quoique pièce ridicule de la part du peintre.

A l’égard des livres dont vous m’envoyez l’état, voicy ceux que je prendrai volontiers […].

Je compte toujours que vous me rendrez complet le recueil de la Bibliothèque raisonnée. A l’égard de Racine de Londres in 4° je m’imagine qu’il ne vous seroit pas aisé de le trouver à bon marché, ainsy il n’y faudra plus penser, non plus qu’à la bibliothèque de Fabricius, qui peut-être ne se trouve pas aisément de hasard.

Je n’aurai pas de peine à ce qu’il me semble à vous procurer les livres que vous me demandez, excepté le Philosophia cartesianade l’abbé Hay. Il y en a peut-être encore quelques exemplaires à Paris, qu’on vendait 6# en blanc, mais j’ai vu qu’on en avoit fait une 2è édition à Rome beaucoup meilleure, et je ne crois pas qu’il en soit venu. Les libraires font venir très rarement les livres d’Italie, et celui-cy n’est pas de débit, quoyque bon, nous n’aimons point les choses sérieuses, il ne nous fait que des romans.

Le Ballot de Piget n’est point encor arrivé, même à Rouën. Ils n’en ont point de nouvelles, ce qui les inquiette, parce qu’ils attendent beaucoup de livres, il ne faut qu’un peu de patience, ce ballot arrivera enfin, et j’aurai votre livre de Thé. On est bien bon en Hollande d’acheter cher les œuvres de Voltaire. Il vient de déclarer dans la préface de Nanine que ses pièces lui ont toujours été́ dérobées, en sorte qu’il n’avoue aucune édition de ses ouvrages. Il assure qu’aucune n’est bonne. A l’égard de celle de Dresde, je n’ai pas encore eu, dit-il, le temps de l’examiner. Voilà bien se mocquer du public, et il trouve des dupes. Ce D. Quichotte de notre Parnasse vient de faire jouer son Oresteautrement Electre. Quoique le parterre fut plein de ses amis, à qui il donne des billets, la pièce n’a pu être écoutée patiemment, on a même sifflé. Le lendemain l’affiche a annoncé pour dans 15 jours, la même pièce avec des corrections, car refaire une tragédie ne coute qu’un jour à l’auteur. L’affiche a xx reculé à 4 autres jours la 2ereprésentation qu’on attend. Mde Denys sa nièce, n’a point donné sa comédie, et l’on dit qu’elle ne la donnera point. Si vous avez vos fous en Théologie, comme il paroit par votre Prophète, nous avons les nôtres en Poésie ».

Encre brune sur double feuillet de papier vergé filigrané. Cachet de la collection Debauve.

Vendu