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Brasillach : le fascisme, la Wehrmacht, Rebatet, Cousteau, Staline, Vichy, etc.

Robert Brasillach (Perpignan, 1909/1945)
Écrivain, rédacteur en chef de "Je suis partout" (1937-1943), il milite en faveur de la collaboration. Condamné à mort et fusillé à la Libération.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 1 p. 3/4 - Format : In-4

Lieu : Salies de Béarn (Basses-Pyrénées) - chez Mme Castells, 10 rue Saint-Vincent.

Date : 5 août 1943

Destinataire : un ami.

Etat : Pliures centrales.

Description :

Édifiante lettre de Robert Brasillach, adressée à un ami :

"Cher ami,

La recherche d'un endroit chaud, qui ne soit pas tout à fait la campagne (car nous n'aimons pas la campagne) et qui ne soit pas la mer, qui pouvait paraître un peu... imprudente avec les enfants (sans cela, nous y serions allé), nous a menés à Salies de Béarn, - qui est tout de même beaucoup plus "campagne" que je croyais. On y coule des jours paisibles, et c'est là que votre lettre est venue me surprendre. Je suis allé deux jours à Paris la semaine dernière "vu les évènements". J'y retournerais encore deux ou trois jours la semaine prochaine, et y rentrerai définitivement le 20.

Pour Domremy ce que vous me dites ne m'étonne pas. Toutefois, par pur esprit impartial, je me permets de faire remarquer que les quelques remarques narquoises qui pourraient choquer une censure sont au nombre d'une vingtaine de répliques, à vue de nez, et je ne pourrai les enlever sans nuire à cet ouvrage considérable. Il me semble, du moins... Il resterait assez d'allusions contemporaines qui ne choqueraient point le chatouilleux Vichy. Je dis cela par acquit de conscience, et je me soumets bien entendu au jugement de Gantillon et au vôtre. Comme je dois avoir fait juste 2 copies de cet ouvrage, vous seriez gentil, si vous n'en faites rien, de me le renvoyer un de ces jours (ça n'a rien d'urgent).

Tout ça est bien secondaire devant ce qui se passe. Cousteau me disait "Tu devrais faire un article intitulé : nous avons bonne mine !" Ce serait le vrai sujet. Je suis fasciste depuis 10 ans, et voir interdire jusqu'au mot dans le pays d'origine. Malheureusement, il n'y aurait que les Italiens dans le coup, on s'en ficherait. Mais ça dépasse les Italiens, par malheur. Je me refuse ; pour ma part, à chanter victoire, à bomber le torse, et à faire des matamores. Je ne sais ce que sera l'avenir, mais il est évident que de toute façon il sera idiot (au minimum). La France fasciste dans une Europe fasciste, beau rêve ! Puisqu'il n'y a plus d'Europe fasciste... Naturellement, on parle beaucoup à ce sujet. Les réflexions raisonnables que je fais (sans abandonner de mes convictions) il y a des gens qui appellent ça "être mou" A J.S.P. [Je sui Partout, journal collaborationniste et antisémite qu’il dirigeait] il y a donc des "mous" et des "durs". Dans les "mous", G. Blond, moi-même et... Rebatet, qui est plein de raison. Les autres sont plutôt du genre matamore. Il y a vraiment pas de quoi !

Je prétends que l'avenir est inconnaissable, - grande pensée ! Que nous sommes cocus quoi qu'il arrive, et c'est une vocation qui date de l'a.f. et dont je commence a avoir un peu marre. Demain, on peut nous annoncer les événements les plus saugrenus, l'alliance gernamo-russe, le pape prenant le pouvoir en Allemagne, et, je reste impavide. Seulement, je ne veux pas avoir affirmé d'avance que c'est impossible.

Il y a un gars sérieux, c'est Staline. Vous avez vu la grève au Portugal. On s'attend à des choses en France et en Espagne. Il y en a en Italie. Nos bons bourgeois comprendrons le jour où ce sera chez eux. Alors, ils traîneront aux pieds de la Wehrmacht, s'il y a encore une Wehrmacht, ce que je souhaite [...].

Rebatet va peut-être à Moras mais ce n'est pas sûr. [Moras-en-Valloire, village natal de Rebatet]. J'ai vu "La Contre Révolution Spontanée", et les pages de moi, malgré tout, je veux le prendre pour une amabilité [...] Salut fasciste quand même !".

 

Encre bleue sur papier très fin.

Vendu