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REF: 11273

Passionnante lettre codée de Louis XIV, à son ambassadeur à Rome

Louis XIV, dit le Roi-Soleil (Saint-Germain-en-Laye, 1638/1715)
Roi de France (1643-1715).

Type de document : Lettre signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 5 pp. - Format : Grand in-folio

Lieu : Versailles

Date : 10 juillet 1690

Destinataire : Charles d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes

Etat : Bords extérieurs effrangés, papier bruni.

Description :

Longue lettre signée par Louis XIV, adressée à Charles d’Abert d’Ailly, gouverneur de Bretagne et ambassadeur extraordinaire de Louis XIV à Rome. Le document est contresigné par Charles Colbert de Croissy (1625-1696).

Précieuse et longue lettre codée (300 chiffres) adressée à son ambassadeur auprès du Pape, au sujet de l’affaire de la Régale, les querelles religieuses et les vues de l'Espagne sur le Dauphiné et l'Italie.

Bien décidé à profiter de la mort du pape Innocent XI avec qui il était en conflit depuis plus de quinze ans au sujet du droit de régale, qu’il avait étendu à tout le royaume – s’attirant ainsi les foudres de la papauté, Louis XIV dépêche le duc de Chaulnes à Rome pour faire entendre raison au nouveau souverain pontife, Innocent XII. Ce dernier finira par signer un compromis en 1693.

Par cette lettre codée, Louis XIV donne à son ambassadeur de strictes instructions :

"Mon Cousin,

J’ay receu tant par l’ordinaire de Rome que par celuy de Venise les originaux et duplicata de vos lettres des 8, 12 et 17 juin qui m’informent de toutes les diligences que vous avez faites pour 201 459 170 523 172 381 433 201 10 508 141 140 527 823 132 309 493 386 306 403 201 203 403 30 142 et 309 433 27 509 102 433 22 306 180 204 201 Evesques qui ont assisté à l’assemblée du clergé de 1682 513 32 97 446 396 150 491 77 170 180 481 77 107 12 32 51 22 180.

479 446 23 150 488 409 22 170 Il est bien raisonnable que la Cour de Rome demandant que lesd. evesques déclarent par leurs lettres qu’ils n’ont point prétendu par les quatre articles que l’assemblée a publiés sur la puissance ecclésiastique faire une décision de foy, encore moins d’établir un dogme, elle doit aussy souffrir qu’ils adjoutent que cette assemblée a seulement voulu faire une simple déclaration de ses sentiments qui ont toujours esté ceux de l’Eglise de France, et c’est aussy l’expédient que vous m’avez écrit par votre lettre du 25e d’avril 5 47 53 6 10 106 473 20 23 138 12 122 118 434 207, qui estoit de mettre après la profession de foy exprimée dans led. projet, que lesd. Evêques avoient toujours esté dans les mesmes sentiments, et ne s’en estoient jamais séparés, dont mesme vous me mandiez que 65 23 89 458 493 507 524 180 325 et que vous croyez 370 106 457 170513 10 306 201 509 443 107 83 356 310 481 469 523 170 409 433 172 137 313 20 488 446 […] ceux qui ont assisté à l’assemblée de 1682 et qui sont nommés aux archeveschés et eveschés 2 47 49 3 12 381 509 102 433 170.

Quoyque j’aye toujours cru que l’affaire de la Régale ne recevroit aucune difficulté, quand vous vous en expliqués de la manière que je vous l’ay écrit, neantmoins comme vous avés jugé plus à propos jusqu’à présent de 488 408 190 192 488 168 10 92 341 10 152 488 310 481 70 58 306 180 124 120 395 508 170 89 523 172 409 433 22 182 vous devez d’autant moins changer de conduite dans l’estat présent des affaires que 58 469 170 89 314 172 383 22 50 10 306 439 98 23 302 201 488 521 170 306 404 180 483 207 ne conviennent point à mes intérests et c’est aussy ce qui me fait approuver les pressantes instances que vous avés faites 456 170 379 101 30 22 306 183 138 52 300 96 22 190 12 122 118 434 et préconiser au plutôt les éveschés indifféremment avec protestation de sortir de vos engagemens et de retirer tous les projets de lettres que vous avés donnés.

Il y a cependant bien de l’apparence que l’assemblée du clergé sera finie avant que vous ayés terminé toutes ces difficultés et qu’ainsy elle ne sera plus en estat d’écrire au Pape en la manière que je vous l’avois fait espérer.

Il faut qu’on n’ait pas esté curieux jusqu’à présent à la Cour où vous estes de lire toutes les impertinences que quelques François des plus emportés contre notre Religion se donnent la liberté de faire imprimer dans leurs gazettes qu’ils appellent lardons, pour s’estonner de ce que contient celuy que vous m’avez envoyé qui est du mesme style que tous les autres et qui doit faire voir au Pape que les ennemis de la Religion Catholique croyent qu’ils ne leur manque plus rien pour la détruire que de mettre la division entre le pape et moy et que la Maison d’Autriche unie avec eux leur donnera moyen de faire triompher l’hérésie par toute l’Europe, mais la victoire qu’il a plu à dieu donner à mes armes confondra tous les projets, et je m’assure que le Pape leur fera bientost perdre toute l’espérance qu’ils ont eue de luy inspirer les mesmes sentimens qu’à son prédecesseur.

Je vous envoye un mémoire concernant l’estat présent des Religieuses de Ste Claire de Rheims, et je désire que pour les raisons qu’il contient, vous demandiés au Pape un Bref pour la continuation de la supériorité en faveur de sœur Agnès Colbert, pareil à celuy que le feu Pape accorda pour le mesme sujet, et dont je vous envoye coppie.

J’envoye aussy au Sr Ratabon le passeport que vous avez demandé pour le Cardl Durazzo, quoyqu’il n’en ait besoin que pour se rendre à son evesché de Carpentras.

Je suis averty que les ministres d’Espagne ne laissent rien d’intenté pour rétablir ceux de la R.P.R. [Religion Prétendue Réformée] dans les provinces de Dauphiné et de Provence, et qu’ils veulent porter leurs alliés à joindre aux Vaudois et François Calvinistes un corps de trouppes Protestantes assez considérable, non seulement pour appuyer et fomenter les desseins des séditieux hérétiques, mais aussy pour passer en Italie souz le prétexte de secourir le duc de Savoye, et quoy que les forces que je leur opposeray pourront bien confondre leurs projets, neantmoins il est bon d’en informer le Pape, affin qu’il prenne les mesures qu’il croira les plus convenables au bien de n[ot]re Religion. Sur ce je prie dieu qu’il vous ait, Mon Cousin, en sa Ste et digne garde. Ecrit à Versailles le 10e juillet 1690. Louis".

Document contresigné, plus bas, « Colbert ».

Certains nombres du code sont soulignés.

Malgré les efforts conjugués de cryptologues, cryptographes, informaticiens et universitaires, le code n'a toujours pas été cassé, à ce jour. 

Charles d’Albert d’Ailly, duc de Chaulnes (1625-1698), lieutenant général des armées du Roi en 1655, était également gouverneur de Bretagne et ambassadeur extraordinaire de Louis XIV à Rome : il le sera trois fois : pour les élections des papes Clément IX (1667), Clément X et Alexandre VIII (1689). C'est pour cette dernière occasion que Louis XIV lui fait parvenir cette lettre.

Feuillets cousus par un ruban. Encre brune sur papier vergé filigrané. Adresse au dos du dernier feuillet : « A mon Cousin le duc de Chaulnes Pair de France che[va]lier de mes ordres, gouverneur et lieutenant gral en mon pays et duché de Bretagne, mon ambassadr extraordre près sa sté [sainteté]».

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