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REF: 10823

Relation de l’exploration du haut Yang-tsé-kiang par Hourst.

Emile Auguste Léon Hourst (Marseille, 1864/1940)
Lieutenant de vaisseau et explorateur, il mène une mission hydrographique sur le fleuve Niger (1895-1896), puis en Chine une mission d'exploration du haut Yang-tsé-kiang (1901).

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 4 - Nb pages : 19 - Format : In-4 et in-8

Lieu : Sans

Date : 3 novembre - 16 décembre [1901]

Destinataire : Sans

Etat : Petites salissures sur une lettre.

Description :

Passionnante relation de la remontée du Fleuve Bleu jusqu’à Chongqing, sur 3200 kilomètres à travers des régions très difficiles d’accès, dont il publiera le récit en 1904, chez Plon : Dans les rapides du Fleuve Bleu — Voyage de la première canonnière française sur le haut Yang-tse-kiang par le Lt de vaisseau Hourst.

Parti le 3 octobre, l’Olry (bâtiment à vapeur de 37 mètres construit par Farnham, acheté en Chine) rencontre rapidement d’énormes difficultés à naviguer sur les tumultes imprévisibles de ce fleuve légendaire. Après une remontée éprouvante, où il fallut franchir une succession de rapides et de tourbillons gigantesques, l’embarcation et son équipage arrivent le 3 novembre à Pan-Téou. Hourst prend la plume et rédige une première longue lettre (5 pp. ½), vivante, racontant les difficultés rencontrées en particulier pour franchir les rapides d’Ichtang et le passage du Ié-t’an devant l’équipage du Kinsha, navire anglais qui les précédait et venait de s’échouer, leur prédisant le même sort.
« Mon interprète qui comprend l’anglais les entendait se moquer de nous entre eux pendant les 2h ½ que nous sommes restés à agoniser en plein rapide. On a pu les 3 fois raccrocher ces amarres, en avoir qui coupent comme des couteaux. Mes officiers et mes hommes avaient tous les mains en sang et il s’en est cuit des caillots sur le treuil […] ».

Dix jours plus tard, le navire arrive au terme de sa mission, Chongqing. Hourst prend aussitôt la plume pour raconter à son ami, dans une très longue lettre (7 pp. ½ in-4), les péripéties du voyage.
« Tu penses si c’est avec bonheur que je date ma lettre de Tchong King. Enfin, on y est. Nos couleurs flottent dans le Haut Yang Tsé. Je n’ai pas trahi la confiance que toi, l’amiral et le ministre avaient mise en moi. J’ai donné un joli pendant à ma descente du Niger […]. Pour dur ça l’a été, pour dangereux aussi. Tu sais que je ne bluffe volontiers ni moi même ni les autres, si bien je puis te dire que cette navigation pas commode faite avec un outil du genre de l’Olry constitue un petit tour de force qu’il ne ferait peut être pas bon recommencer tous les jours.
Le Haut Yang Tsé n’est pas du tout ce qu’on pourrait croire à la lecture de l’ouvrage du P. Chevalier ou même des rapports des quelques officiers qui sont venus le visiter en jonque, c’est à dire une succession de biefs assez faciles coupés par 4 ou 5 rapides difficiles. Il y a peut-être d’ici à Itchang 200 rapides gros ou petits, tous ne sont pas difficiles, il est vrai, comme le It’an par exemple mais il n’en est aucun où un tourbillon mal apprécié, un faux coup de banc, une inattention quelconque, ne puisse avoir une issue fatale.
Nous en avons rencontré 7 en nous halant avec le treuil sur les câbles en acier mais ce n’est pas cette opération qui est dangereuse (si du moins le matériel est solide et malheureusement ce n’était pas le cas) et si on n’a pas la guigne de prendre son arrière dans quelque roche du fond, lorsque l’on tient le bout de son câble, lorsqu’on est dans le rapide à proprement parler, on a 90 chances sur 100 d’être paré. C’est avant que c’est dur. Dans ces tourbillons énormes qui se creusent comme des mâchoires, on peut être jeté à la côte comme une paille. C’est ainsi que le Woodcock s’est démoli, et c’est ainsi qu’au Pao Tsé Tan c’est un miracle si nous ne nous sommes pas mis en pièces sur une roche. Nous en avons passé à 1 mètre faisant un tête à queue complet. Pas un cri, pas un ouf à bord. Mon petit équipage est admirable […] ». Fin de la première page de cette très longue lettre écrite sur le vif.

Une troisième lettre est écrite un mois plus tard (Tchang-King, 16 décembre, 2 pp. in-8) et une quatrième, sans lieu ni date (4 pp. in-8) est datable de son retour à Shanghai (second semestre 1902, évoquant son retour en France).

Un torrent d’ingratitude l’attend à son retour : désavoué par sa hiérarchie pour son expédition du Yang-tsé-kiang, il est mis à la retraite en 1905.

Il est joint une lettre de l’un des membres de la mission, le Dr Negretti, écrite de Chongqing, le 15 décembre 1901 (5 pp. ½ in-8) : péripéties du voyage, installation à Chongqing, travail de la mission sur place. Ainsi que 2 autres lettres : Dubreuil, du 18e colonial (Pékin, 22 juin 1901, 3 pp. in-12) et Olivier Carré (Pékin, février 1902, 1 p. ½ in-8).

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