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Manuscrit de Chateaubriand sur Napoléon pour les Mémoires d’Outre-Tombe

François René de Chateaubriand (Saint-Malo, 1768/1848)
Écrivain romantique, figure centrale du romantisme français, auteur des Mémoires d'outre-tombe. Membre de l'Académie française (1811).

Type de document : Manuscrit avec corrections et additions autographes

Nb documents : 1 - Nb pages : 1 - Format : In-4

Lieu : Sans

Date : S.d. [Circa 1830-1840]

Destinataire : Sans

Etat : Pliure centrale

Description :

Manuscrit autographe fragmentaire des Mémoires d'Outre-Tombe : 18 lignes de la main de François-René de Chateaubriand, intercalées avec 19 lignes de la main de son secrétaire Hyacinthe Pilorge.

Formidable témoignage de Chateaubriand dans lequel il relate certains grands faits militaires de Napoléon, durant l'année 1814 et en particulier la bataille de Reims. Il cite entre autre les victoires que l'Empereur, à bout de souffle, remporta en Champagne, le congrès de Châtillon, le général Gebhard Leberecht von Blücher, la victoire de Soult à Toulouse, la mort de Saint-Priest, etc.

En 1814, lorsque Chateaubriand préparait sa brochure De Buonaparte, des Bourbons, il rédigea des notes précises sur les évènements militaires d'alors, c'est à dire, la campagne de France de Napoléon Ier, au moment de l'arrivée des Armées alliées. Plus tard, lors de la rédaction de l'immense édifice que sont ses Mémoires d'Outre-tombe, il reprit ces notes et les reformula pour les replacer dans cette grande fresque historique en construction.

Très beau document relatif à la Campagne de France, quelques variantes par rapport au texte définitif sont à signaler.

"[...] il avoit battu les Russes à Saint-Dizier, les prussiens et les Russes à Brienne, l'armée dite de Silésie à Champaubert et une partie de la grande armée (alliée) à Montereau. Les alliés effrayés proposent un armistice. Bonaparte déchire les préliminaires de la paix offerte et s'écrie je suis plus près de Vienne que l'Empereur d'Autriche de Paris. La Russie, l'Autriche, la Prusse et l'Angleterre conclurent à Chaumont pour se ressaisir mutuellement un nouveau traité d'alliance. Mais au fond alarmés par la résistance de Bonaparte, menacés sur leur derrière d'une insurrection générale, ils songeoient à la retraite. A Lyon une armée [?] le flanc des Autrichiens ; dans le midi, le maréchal Soult arrêtait les Anglais à Toulouse. Le congrès de Châtillon qui ne fut dissous que le 15 mars, négocioit encore. Icy Bonaparte chassa Blucher des hauteurs de Craone. La grande armée alliée n'avoit triomphé le 27 février, a Bar-sur-Aube, que par la supériorité du nombre. [...] De Craone il s'étoit porté sur Reims ou il triompha et où le Cte de St Priest fut tué. De Reims il marcha sur Arcis-sur-Aube et dit cette nuit Demain [?] j'irai prendre mon beau père à Troies".

Après la retraite de Russie et face aux armées alliées qui envahissent la France, Napoléon organise sa défense et redouble de courage face à la coalition de la Russie, de l'Autriche, de la Prusse et de l'Angleterre.

Le 13 mars 1814, pendant la prise de Reims, le général Guillaume-Emmanuel Guignard de Saint-Priest fut grièvement blessé à l'épaule par l'explosion d'une grenade et fait prisonnier. Amputé d'un pied, il mourut quelques jours plus tard à Laon.

Hyacinthe Pilorge fut le secrétaire de Chateaubriand pendant près de vingt-cinq ans. Il fut donc le principal artisan de la transcription des Mémoires d'outre-tombe "dont il connaissait le texte mieux que personne. Il avait en effet pour mission de « mettre au propre » au fur et à mesure tout ce qu'écrivait ou dictait son patron ; il avait même fini par être le seul à pouvoir déchiffrer son écriture, rendue de plus en plus illisible par les rhumatismes". (Gallica, Mémoires d'Outre-Tombe,  La tradition manuscrite, Jean-Claude Berchet).

Le texte de la main de Pilorge, quant à lui, reprend plusieurs passages différents et notamment le début du chapitre XI des Mémoires. Il contient aussi des variantes notables par rapport à la version imprimée : "[...] On voyoit entrer pêle mêle par les barrières des prisonniers russes et des blessés françois portés dans des charrettes ; des conscrits appelés de l'intérieur traversoient la capitale en longue file, se dirigeant sur les armées ; on entendait la nuit passer sur les boulevards extérieurs des trains d'artillerie et l'on ne savoit si le bruit du canon lointain annonçoit une victoire décisive ou la dernière défaite [...]".

Encre brune sur papier vergé filigrané.

Vendu