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Correspondance de Marie Bonaparte sur la psychanalyse, Lacan, Freud, etc.

Marie Bonaparte (Saint-Cloud, 1886/1962)
Fille de Roland Bonaparte, elle épouse Georges de Grèce et devient princesse de Grèce et de Danemark. Elle rencontre Sigmund Freud à Vienne en 1925 et devient l'une de ses plus fidèles disciples, fondant en 1934, le premier Institut de Psychanalyse à Paris.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 17 - Nb pages : 46 pages, enveloppes. - Format : In-4 ou in-8

Lieu : Paris, Saint-Cloud, Saint-Tropez et Athènes

Date : 1951-1956

Destinataire : Dr George Zavitzianos, à Montréal puis Ann Arbor (Michigan)

Etat : Sans

Description :

Longue correspondance de Marie Bonaparte, composée de 17 lettres.

Remarquable correspondance sur la psychanalyse, Lacan, Freud, etc.

George Zavitzianos (1909-1995), psychanalyste américain d’origine grecque, fut le fondateur de la première société de psychanalyse canadienne, et a travaillé sur le fétichisme et l’exhibitionnisme féminins.

Une partie de cette correspondance est consacrée à la scission au sein de la Société Psychanalytique de Paris, dévouée au culte freudien, et dont Marie Bonaparte était à l’origine, et à la fondation de la Société Française de Psychanalyse par un petit groupe contestataire, mené par Jacques Lacan. Marie Bonaparte trouve en George Zavitzianos, « seul analyste freudien pouvant enseigner à Montréal », dont elle suit et encourage la carrière, une oreille attentive et bienveillante.
La correspondance commence en août 1951, lors du Congrès de Psychanalyse d’Amsterdam, où elle se rend avec des béquilles, s’étant cassé la jambe, et lit son « essai sur le sadomasochisme […] Au Symposium avec le rapport de Hartmann, je tenais “the chair” et j’ai eu toutes les peines du monde arrêter le flot de paroles de Lacan – qui n’a pas le sens de la mesure et finit toujours par s’étendre en dehors du sujet en des généralités vagues ! »…

20 septembre 1951, à propos de Wittkower : « Je me rappelle ce que me répéta souvent Freud : “Keine Kompromiste !” Pas de compromis ! Pas de compromis verbaux même […] car le compromis verbal lui-même mène aux compromis de la pensée et de l’acte [...]».

19 juin 1952, au sujet de « la peur de la pénétration » et ses manifestations cliniques : « Je crois que la découverte des traumatismes infantiles est indispensable à une analyse complète et réussie. Cela peut se faire soit par ressouvenir, soit par reconstruction des souvenirs oubliés qui peuvent ne pas même revenir à la mémoire consciente (tel fut le cas de la scène primitive dans ma propre analyse, comme vous le pouvez voir dans mes Cinq Cahiers). Comment pourrait-on ramener les réactions de transfert à leurs prototypes infantiles si l’on gardait dans l’ombre ceux-ci ? Et c’est cette comparaison, ce rapport, qui agit de façon thérapeutique en mettant un moi adulte et fortifié en présence de l’anachronisme de ses réactions, ce qui permet de les corriger. Maintenant il faut ajouter que des résultats thérapeutiques importants peuvent être obtenus sans cela. Par simple succès de transfert, on aime son analyste et par là il introduit en nous un nouveau morceau de Surmoi qui nous permet des réussites jusque-là interdites. [...] En matière d’analyse, je crois au maintien de la technique classique, bien que beaucoup d’analystes, surtout en Amérique, tendent à la modifier. Il faut s’en défier [...]».

10 juillet 1953, avant le Congrès de Rome : « Nous avons eu le regret de voir cinq de nos membres se séparer de nous pour former une nouvelle Société, la “Société Française de Psychanalyse” (Lagache, Lacan, Mmes Boutonier-Favez, Françoise Dolto-Marette et Blanche Reverchon-Jouve). Je doute qu’ils aient l’affiliation à l’Internationale à ce congrès ! Les techniques de Lacan en particulier sont inadmissibles, et c’est là-dessus que nous l’avons prié de quitter la présidence de notre Société, ce qui a occasionné la scission précitée. (Ces techniques consistaient à écourter les séances à 30, 20, 15 minutes, sous prétexte que c’était bien d’imposer aux analysés des “frustrations” ; en réalité pour le plus de patients et d’élèves possibles) [...]».

9 septembre : elle évoque la catastrophe des Îles Ioniennes, et le soutien de Jean Delay à Lagache, « qui va devenir à Ste Anne professeur de psychopathologie [...]».

22 octobre : « Oui, la dissidence d’une partie de nos membres est regrettable – du moins en partie, pour certains d’entre eux [...]», une commission va examiner leur cas.

21 décembre : « Pour mes idées sur l’angoisse de la pénétration, l’attaque de certaine femelles (et même de certaines femmes) sur le mâle ne les contredit pas. Ce sont des attitudes viriloïdes qui n’impliquent nullement la satisfaction érotique interne ; ni même parfois l’acceptation de la pénétration. [...] Je puis ajouter que Freud considéra ce mien petit essai comme mon travail le meilleur et le plus original [...] ».

Elle évoque également, au fil des lettres, sa famille, son mari, sa fille, ses petits-enfants, sa santé, ses voyages et déplacements, notamment en Grèce, etc.

Encre noire ou bleue, enveloppes avec adresses autographes conservées. Timbres et marques postales.

Vendu